Le conte de la Princesse Kaguya

Kaguya

Kaguya - Mont Fuji

Un vieux coupeur de bambou rentrait à la maison dans les ombres du soir. Au loin parmis les tiges de bambous plumeux il aperçut une lumière douce. Il alla voir de plus près ce que cela pouvait être et vit que celà venait d’entre les tiges. Il écarta les tiges de bambou soigneusement et y trouva une petite fille. Elle mesurait seulement quelques centimètres, mais elle était aussi belle qu’une fée. Il se demande même si elle n’était pas réellement une fée. Il la prit et l’emmena alors chez lui et raconta à son épouse comment il l’avait trouvée. Ils étaient très heureux car ils n’avaient pas d’enfants et ils l’aimèrent comme si elle était leur fille.

En quelques années elle devint une jeune femme. Elle était aussi douce et brillante qu’elle était belle. Une douce lumière semblait toujours la suivre. Quand le temps fut venu de lui donner un nom ils l’appelèrent la princesse au bambou, parce qu’elle avait été trouvée parmi les bambous, et parce qu’elle était plus belle que n’importe quelle princesse. Les gens entendirent parler de sa beauté et beaucoup jetaient un œil par la haie au bord du jardin dans l’espoir de la voir. Tout ceux qui l’ont vue l’ont trouvée si belle qu’ils sont revenus plusieurs fois pour la regarder à nouveau. Parmi ceux qui vinrent souvent à la haie se trouvaient cinq princes. Chacun pensait que la princesse au bambou était la femme la plus belle qu’ils n’avaient jamais vue, et chacun la souhaitait comme épouse. Au point que chacun des cinq princes écrivit au père de la princesse pour demander sa main. Le vieil homme reçut les cinq lettres en même temps. Le vieil homme ne savait ni qui choisir ni que faire. Il avait peur, aussi, que s’il choisissait un des princes, les quatre autres seraient fâchés. Mais la princesse eut un plan. « Faites-les venir tous ici, » dit-elle, « alors on pourra choisir au mieux. »

C’est ainsi qu’un jour les cinq princes se rendirent à la maison du coupeur de bambou. Ils étaient très heureux d’avoir une autre chance de la voir, et chacun pensait qu’il serait celui avec qui elle se marierait. Mais la princesse ne souhaitait se marier avec aucun d’entre eux, elle souhaitait rester avec son cher père et sa chère mère et prendre soin de ses parents tant qu’ils étaient en vie. Ainsi elle donna à chacun une tâche impossible à accomplir. Au premier, elle demanda d’aller en Inde et de trouver la grande cuvette en pierre de Bouddha. Le second avait pour mission de lui apporter une branche des arbres à bijoux qui poussaient sur la montagne flottante de Horai. Le troisième prince a demandé ce qu’il pourrait faire pour montrer son amour. La princesse lui répondit qu’il pourrait lui apporter une longue robe faite à partir des peaux des rats du feu. Elle demanda au quatrième d’apporter le bijou que le dragon des mers porte à son cou et le cinquième prince devait lui apporter la coquille que les hirondelles maintiennent cachée dans leurs nids.

Les princes se sont dépêchés loin, chacun était impatient d’être le premier à revenir, et ainsi d’épouser la belle princesse au bambou.

La grande cuvette en terre de bouddha

On raconte que très loin en Inde se trouve la grande cuvette en terre qui appartenait au grand Bouddha. On dit aussi qu’elle brille de mille feux et qu’elle est incrustée des plus belles pierres précieuses.

Elle serait cachée dans l’obscurité d’un temple et les rares personnes qui l’ont vue ne peuvent s’empêcher de s’éterniser sur sa beauté. Le prince qui était censé partir à la recherche de la cuvette était très paresseux. Au début, il avait vraiment l’intention de se rendre en Inde mais plus il y pensait, moins il avait envie d’y aller. Il demanda aux marins combien de temps cela prendrait pour se rendre en Inde et en revenir. Ils lui répondirent que cela prendrait trois ans. Entendant ceci il décida de ne pas y aller. Trois ans pour aller chercher une cuvette, et une vieillerie de surcroît! Alors pendant trois ans il resta dans une autre ville puis trouva une cuvette dans un temple. Il prit soin de la recouvrir d’une fine soie puis y déposa une lettre expliquant les péripéties de son voyage. La princesse reçut son paquet et se trouva désolée de la peine que s’était donnée le prince mais en déballant le paquet elle y découvrit une cuvette de pierre tout à fait normale. Il essaya de lui rendre visite mais elle refusa de le voir. Elle était très fâchée et lui renvoya son colis ayant compris qu’il avait essayé de la tromper.

Le prince se sentit triste mais savait qu’il l’avait bien mérité et rentra chez lui. Il garda la cuvette pour se rappeler que l’on n’obtient rien de ce monde sans peine ni effort.

La branche de l’arbre aux bijoux

Le prince à la recherche des branches de l’arbre à bijoux était très riche et malin. Il ne croyait pas qu’il puisse exister une montagne flottante appelée Horai, il ne croyait pas qu’il puisse exister des arbres d’or avec des bijoux en guise de feuilles. Malgré tout, il a dit qu’il partirait à sa recherche. Il dit au revoir à tous ses amis et descendit vers le bord de mer. Là il renvoya tout le monde sauf quatre de ses domestiques car, dit-il, il voulait partir discrètement.

Il se passa trois ans sans que quiconque ne le revoie ou n’entende parler de lui. Mais un jour il apparut soudainement à la princesse, tenant une branche merveilleuse en or avec des fleurs et des feuilles de tous les bijoux colorés. Elle pria le prince de raconter son voyage.

« J’ai navigué loin d’ici, » dit-il, « ne sachant où aller. J’ai laissé le vent et les vagues me porter à leur gré. »

« Nous sommes passés par beaucoup de villes magnifiques et de pays étranges. Nous avons vu les grands dragons de mer sur l’eau, dormants pendant que les vagues les berçaient. Nous avons vu les serpents de mer jouer au fond de l’océan. Nous avons vu des oiseaux étranges, avec des corps d’animaux. Parfois nous avons navigué avec une doux vent et parfois nous avons flotté sans aucune brise pour nous pousser pendant des jours et des semaines. Parfois de violentes tempêtes faisaient rage. Les vagues s’élevaient, aussi hautes que des montagnes. Des vents sauvages ont emporté au loin nos voiles. Nous étions projetés vers des lieux inconnus.
A nouveau, nous avons vu de grands rochers sur lesquels les vagues se brisaient dans dans un nuage d’écume blanche.
Pendant des jours et des semaines nous n’avons mangé aucune nourriture et et n’avons bu aucune eau. Les grandes vagues qui nous cernaient nous donnaient encore plus soif mais nous ne pouvions pas boire l’eau salée.
Enfin, au moment même où j’ai pensé que nous allions mourir, j’ai vu la crête d’une grande montagne se soulever hors de la mer. Nous nous sommes précipités vers elle. C’était la montagne flottante de Horai.
Nous en avons plusieurs fois fait le tour avant que je ne puisse trouver un endroit pour débarquer. Enfin j’ai vu une petite crique et j’ai ancré là. Quand je suis allé sur le rivage se tenait une belle fille avec un panier de nourriture. Elle déposa le panier et disparut immédiatement.
Je mourais de faim, mais je n’ai pas touché la nourriture jusqu’à ce que j’ai cassé une branche d’un des arbres couverts d’or et de joyaux afin de vous l’apporter ici. Ensuite, je suis retourner sur notre embarcation.
Les hommes étaient reconnaissants pour la nourriture et nous avons festoyé toute la journée. Le matin, au lever, la montagne avait disparu.
Un vent vif soufflait, et en quelques jours nous étions de retour. Je suis venu directement du bateau pour vous apporter ceci. »

Les larmes perlaient aux yeux de la princesse en pensant à la façon dont il avait souffert pour lui apporter cette branche de bijou.

C’est alors que trois hommes vinrent en demandant au prince: « Pourriez-vous nous payer maintenant? » demandèrent-ils. Le prince essaya de les conduire plus loin, mais la princesse leur dit de rester.
« Que lui voulez vous? » leur demanda-t-elle?
« Pendant trois années nous avons travaillé pour faire cette belle branche d’or. Maintenant qu’elle est finie nous voulons notre salaire. »
« Où étiez-vous durant ces trois années? »
« Dans une petite maison près du bord de mer »
 »Le prince était-il avec vous? »
« Oui. »

Le prince éprouva honte et colère. Il savait que la princesse ne pourrait plus jamais croire en lui et il partit vivre loin dans un autre pays.
La princesse donna la branche couverte d’or et de joyaux aux ouvriers pour les payer de leurs années de travail et ils partirent heureux et reconnaissants envers la princesse pour sa bonté.

La longue robe de Feu

Le troisième prince devait apporter la robe longue faite de la fourrure des rats du feu. Il était riche et très aimé. Il avait des amis dans toutes les régions du monde. Il avait même un ami très cher qui habitait en Chine. Le prince lui envoya un messager avec un grand sac plein d’or, lui demandant de trouver la longue robe  faite des peaux des rats du feu. Quand son ami lut la lettre il était très triste.  »Comment puis-je faire ceci? » se dit-il. « Qui a jamais entendu parler d’une telle chose ! Mais je ferais toujours n’importe quoi pour prince Abe, aussi j’essayerai de satisfaire sa demande. » Il envoya des messagers partout en Chine afin de chercher cette robe longue et merveilleuse, mais ils tous revinrent tristement dire qu’ils ne l’avaient pas trouvée. Il demanda dans chaque temple, à chaque prêtre s’ils savaient quoi que ce soit sur cette robe longue et où il pourrait la trouver mais la réponse était toujours la même : personne ne savait bien que chacun ait entendu parler de ce manteau. Il envoya quérir tous les négociants qui avaient parcouru tous les endroits de la Terre. Aucun d’eux ne savait non plus. Enfin il se dit pensant à son ami le prince, « Ce manteau que prince Abe demande ne peut pas être trouvé. Je ne peux pas trouver une telle chose. Demain je lui renverrai son sac d’or et lui dirait que j’ai réellement fait de mon mieux mais que je ne peux pas trouver ce qu’il souhaite. » Le matin suivant, alors qu’il était sur le point de renvoyer le messager de retour du Japon il entendit un grand bruit dans la rue et regarda dehors.

Une grande troupe de mendiants passait près de là. « Je vais leur demander s’ils ont entendu parler de cette robe longue du feu, » pensa-t-il. On fit alors entrer les mendiants. Ils furent étonnés d’être invités dans la maison de ce grand seigneur et d’être introduits dans la salle même où il se trouvait. Il leur dit ce qu’il désirait et demanda si dans leurs campagnes ils avaient jamais entendu parler de cette robe longue de feu et s’ils savaient où il pourrait la trouver. Ils le dévisagèrent, surpris. Certains lui rirent presque au nez. Quelle affaire! Qu’un des plus grands seigneurs du pays en soit rendu à leur demander, à eux les mendiants, une longue robe de feu. L’un après l’autre, ils lui dirent qu’ils avaient entendu parler d’elle mais que ce n’était seulement qu’une histoire parce qu’il n’existait nulle part une telle chose.

Tous partirent sauf un vieil homme. Il claudiqua jusqu’au seigneur et se mit à genoux avant lui. « Mon seigneur, » dit-il, « quand j’étais un enfant je me rappelle d’avoir entendu mon grand-père me dire quelque chose au sujet de cette robe longue du feu. Elle a été cachée dans un temple au sommet d’une certaine montagne, à des centaines de milles d’ici. »

Le seigneur fut enchanté d’entendre cela mais il demanda pourquoi ses messagers n’avaient pas trouvé ce temple, lui qui les a envoyé visiter tous les temples dans cette partie du pays. Chaque homme déclara qu’il n’y avait aucun temple sur cette montagne. « Il y en avait un au temps de mon grand-père, » dit le mendiant, « Feu He était là et a vu la belle robe longue de feu de ses propres yeux. » Le seigneur envoya des messagers à la recherche du temple de cette montagne, le vieux mendiant avec eux.

Quand ils eurent atteint le sommet ils ne trouvèrent aucun temple, seulement un tas de pierres. Ils firent quelques recherches autour et finirent par trouver une grande boîte de fer enterrée sous les pierres. Ils ouvrirent cette boîte et y trouvèrent enveloppée dans de riches soieries une robe longue étrange et faite d’une belle fourrure. Ils la portèrent joyeusement au seigneur qui fut très heureux de la recevoir, vous pouvez en être sûrs. Il l’envoya aussi rapidement que possible au prince Abe qui n’en n’était pas moins joyeux de la recevoir que son ami l’avait été. Il retira le manteau de la boîte de fer, déplia les riches soieries et observa avec plaisir la belle fourrure argentée. « Incroyable, comme elle sera ravie la princesse au bambou en voyant cela! » pensa-t-il. Alors il se souvient que chaque fois que cette longue et merveilleuse robe était mise dans le feu elle devenait plus lumineuse et argentée qu’avant.

« Rien ne peut être trop beau pour la belle princesse au bambou, ainsi je le mettrai dans le feu une fois de plus afin qu’elle puisse être plus belle qu’elle ne l’a jamais été pour quiconque auparavant. »

Ainsi il fit préparer un feu et mit la robe dedans. Comme un éclair les flammes rouges bondirent et s’élancèrent et avant qu’il ne puisse la saisir du feu il ne restait plus qu’une fumée argentée qui s’en allait au loin portée par le vent et des cendres argentées qui obscurcissaient le rouge des charbons. Pauvre Prince Abe ! Il était navré. Il ne pouvait pas blâmer son fidèle ami parce qu’il avait fait de son mieux. Il était tout de même rassuré de ne pas avoir donné cette robe à la princesse avant de l’avoir mise au feu sans savoir qu’elle était fausse, parce qu’alors elle aurait pu penser qu’il voulait la tromper.

Il pouvait seulement lui écrire pour tout lui expliquer et ensuite s’en aller vivre ailleurs, loin.

La princesse fut très triste quand elle sut ce qui s’était produit parce qu’elle savait que cet homme disait vrai. Elle lui envoya un message lui demandant de venir à elle mais lui était déjà parti et elle n’entendit plus parler de lui par la suite.

Le bijou du dragon de mer

Prince Lofty était celui qui devait rapporter le bijou du dragon. C’était un grand rustre doublé d’un lâche. Naturellement il avait l’intention d’obtenir le bijou du dragon mais vous pouvez être sûr qu’il n’eut pas l’idée de faire l’effort lui-même. Il convoqua foule de ses domestiques et soldats et leur dit ce qu’il voulait. Il leur donna beaucoup d’argent pour couvrir leurs besoins et leur dit d’aller et de ne pas se montrer jusqu’à ce qu’ils lui aient trouvé le bijou du dragon. Les hommes prirent l’argent assez rapidement et partirent mais pas dans l’idée de trouver le bijou. Se sont-ils seulement interessés à cette quête? Ils ne pensaient pas qu’il puisse exister une telle chose, et, même si celà était vrai, ils étaient certains que le vieux dragon était très loin d’être prêt à s’en déposséder. Lui prendre ce bijou était le moindre de leurs soucis!

En attendant, prince Lofty faisait construire un palais pour la princesse. Il n’avait pas à un seul moment douté qu’il serait celui qui gagnerait son cœur, ainsi il aurait une maison prête à la recevoir. Il n’y en eu jamais de si beau dans cette partie du pays avant. Toutes les boiseries fut laquées, découpées ou incrustées d’or et des pierres précieuses. Aux murs furent accrochées des tentures de soies peintes par les meilleurs artistes. Alors il attendit ses hommes, prêt à recevoir le bijou mais personne ne vint. Il attendit toute une année. Alors il se fâcha et décida qu’il irait lui-même. Il appela quelques uns de ses domestiques restant et leur dit de préparer bateau pour partir. Les domestiques furent effrayés quand ils surent ce qu’il allait chercher et le prièrent d’abandonner sa quête par crainte que le dragon ne les tue tous. « Lâches! » hurla le prince Lofty. « Lâches »regardez moi et apprenez comment être brave. Pensez-vous que j’aurais peur d’un dragon, moi?  »

Ainsi ils entamèrent leur périple et tout se présentait bien pendant deux ou trois jours. « Vous ne voyez pas que le dragon a peur de moi? » s’écria le prince fièrement. Puis un soir une féroce tempête se souleva. Le bateau tanguait. D’énormes vagues se brisaient contre la coque du bateau. La pluie était torrentielle, la foudre illuminait le ciel et le tonnerre grondait. Le brave prince Lofty était sûr que le bateau coulerait et s’ils ne mouraient pas noyés alors la foudre les tueraient. Il se blottit au fond de la cale du bateau, effrayé. Il pria le pilote et les autres hommes de le sauver. « Qu’attendez vous pour quitter cet endroit? » gémit-il. « Voulez-vous de me tuer? Est-ce là tout le respect que vous avez pour la vie de votre grand prince? Sortez moi de ce pétrin ou je tuerai chacun de vous avec mon grand arc. »

Les hommes pouvaient à peine se retenir de rire, c’était seulement sur son ordre qu’ils avaient levé les voiles aux hauts vents. Quant à les tuer, ils savaient qu’il était incapable de soulever une flèche encore moins de bander son arc. Le pilote répondit : « Mon prince, ce doit être le dragon qui envoie ceci pour nous contrer. Il vous a entendu dire que vous le tuerez afin de prendre le bijou de son cou. Vous devez lui promettre que vous ne le blesserez pas et alors peut-être il nous laissera la vie. » Prince Lofty était disposé à promettre n’importe quoi avoir pour mettre fin à ce cauchemard, ainsi il promit qu’il ne toucherait jamais le dragon, même pas le moindre des poils sur le bout de sa queue.

Au bout d’un moment la tempête cessa, la foudre aussi, et les vagues se calmèrent. Prince Lofty était trop malade, cependant, pour se rendre compte de quoi que ce soit jusqu’à ce qu’enfin ils arrivent sur la terre ferme. Ils le soulevèrent hors du bateau et l’étendirent sous un arbre. Quand enfin il sentit la terre ferme il éclata en sanglots et se promit que maintenant que la terre ferme était sous ses pied, elle y resterait à jamais. Il était sur une île loin du Japon, mais il ne retournerait jamais sur un bateau, pas même pour cent princesses. Ainsi il passa là le reste de sa vie.

Le beau palais qu’il fit construire pour la princesse n’eut à accueillir que les chauve-souris et les hiboux et parfois une souris égarée ou deux.

La coquille du nid des hirondelles

Le prince qui devait trouver la coquille cachée dans le nid des hirondelles était un homme très fier et noble. Quand il revint de sa visite à la princesse il fit venir son domestique principal.

« Savez-vous quelque chose au sujet de la coquille que les hirondelles gardent cachée dans leur nid ? » demanda-t-il?

L’homme le regarda fixement: « La coquille dans les nids des hirondelles ? Quels nids ? »

« Je ne sais pas. Je veux que vous découvriez pour moi. Je veux cette coquille. »

« Peut-être le jardinier saurait plus à son sujet. Puis je lui demander ? » Ainsi il appela le jardinier.

« Vous savez où est la coquille que les hirondelles maintiennent cachée dans leur nid ? » demanda-t-il au jardinier. « Non, je ne l’ai pas vue. La voulez-vous? Je demanderai au porteur d’eau s’il l’a vue. » Ainsi appela-t-il le porteur d’eau.

Le porteur d’eau dit qu’il ne savait rien à ce sujet mais appela un autre homme. Cet homme en appela d’autres et ainsi de suite, jusqu’à ce que tous les domestiques soient appelés. Personne n’avait jamais vu la coquille. Enfin ils demandèrent aux enfants. Un petit garçon pensa qu’il en avait vu une par le passé. Il avait été en haut du toit de la cuisine à la recherche d’oeufs des hirondelles et pensa qu’il avait peut-être vu une coquille dans un des nids. Peut-être était-ce la coquille que le prince souhaitait?

Le prince fut enchanté et ordonna à ses hommes de rechercher les nids d’hirondelle sur le toit de la cuisine. Ils s’y rendirent et cherchèrent mais ils pouvaient pas atteindre les nids, disaient-ils, parce qu’ils était au sommet même du toit.

« Mais vous devez trouver une manière de les atteindre, » hurla le prince, « recherchez chaque nid et ne revenez pas jusqu’à ce que vous ayez trouvé. »

Les hommes passèrent trois jours à essayer de se hisser vers le haut, mais échouèrent. Enfin ils constatèrent qu’avec une corde et un panier un homme pouvait être monté de sorte qu’il put regarder dans les nids. Ils cherchèrent et recherchèrent mais ne trouvèrent aucune coquille.

Le prince s’impatienta et se rendit à la cuisine lui-même voir ce qu’il se passait.

« Cette fois vous tenez la coquille? » demanda-t-il.

« Non, il n’y a aucune coquille là. » répondirent les hommes.

Alors le prince, furieux, insista pour être hissé sur le toit lui-même pour voir. Les hommes essayèrent de l’en dissuader mais il sauta dans le panier et leur ordonna de le soulever sur le champ. Les hommes n’osèrent pas désobéir et le soulevèrent. Quand il fut à hauteur des nids les hirondelles commencèrent à lui donner des coups de bec car elles s’inquiétaient pour leurs oeufs et avaient peur que leurs nids ne soient mis en morceaux.

Elles volèrent vers lui si violemment qu’elles manquèrent de peu de lui crever les yeux.

« A l’aide! A l’aide ! » cria le prince. Les hommes commencèrent à abaisser le panier. Il se rappela alors la coquille et plongea sa main dans un nid. Il y avait quelque chose de dur là. Il s’en saisit mais perdit son équilibre, dégringola du panier et se cogna le cou sur le fourneau chaud.

Ses hommes le relevèrent aussitôt mais il avait été brûlé et meurtri. Dans sa main il tenait une coquille, certes, mais c’était un peu de coquille d’oeuf et l’oeuf avait éclaboussé sa main et son visage. Il décida que c’était là tout ce qu’il pourrait retirer de sa quête.

Dans le temps que ses blessures mirent à guérir, il avait tout oublié de la princesse et ne remonta plus jamais regarder dans les nids des hirondelles.

La nuée du Mont Fuji

Les années passèrent et la princesse avait bien pris soin de son père et de sa mère. Ils étaient très vieux maintenant.

Maintenant ils avaient compris pourquoi elle avait demandé aux cinq princes d’accomplir des tâches impossibles. Elle voulait vraiement rester avec ses parents mais elle a savait qu’en refusant d’épouser l’un ou l’autre des princes ils pourraient se fâcher et nuire à son père. Chaque jour elle devenait de plus en plus belle, aimable et douce. Quand elle eu vingt ans, ce qui est déjà un âge avancé pour une demoiselle japonaise, sa mère mourut et elle est fut très triste.

Toutes les fois que la pleine lune éclairait la terre avec sa douce lumière elle s’isolait pour pleurer. Un soir en été alors qu’elle était assise sur son balcon à observer la lune elle sanglotait tellement qu’on aurait pu penser que son coeur se était brisé. Son vieux père vint à elle et lui dit, « Ma fille, parlez moi de votre tristesse. Je sais que vous avez essayé de me la cacher de peur que je puisse m’en affliger aussi, mais il me navre de vous voir si triste et de me sentir si impuissant face à votre chagrin. Alors la princesse lui dit : « Je pleure, cher père, parce que je sais que je dois bientôt vous quitter. Ma maison est vraiment dans la lune. J’ai été envoyée ici dans le but de prendre soin de vous mais maintenant le moment est venu et je dois partir. Je ne souhaite pas vous laisser, mais je le dois. Quand la prochaine pleine lune viendra ils enverront des gens pour moi. »

Son père était triste en effet d’entendre ceci, mais répondit : « Pensez-vous que je laisserai n’importe qui venir vous enlever ? J’irai à l’empereur lui-même et demanderai son aide. »

« Ce sera inutile. Personne ne peut me garder ic quand le moment sera venu» répondit-elle tristement.

Cependant, son père alla voir l’empereur et lui révéla toute l’histoire. Le grand empereur fut touché par l’amour et le dévouement de cette demoiselle qui avait choisi de rester avec ses parents afin de prendre soin d’eux. Il promit d’envoyer une armée entière pour garder la maison quand le moment viendrait. Le vieux coupeur de bambou revient à la maison très heureux mais la princesse était plus triste que jamais.

La vieille lune s’effaça. Pendant quelques nuits seul le bleu des cieux et l’or du soleil tenait le premier rôle. Puis un minuscule fil argenté apparut juste aprés le coucher du soleil. Chaque nuit il s’élargissait et brillait de plus en plus. Chaque jour la princesse devenait plus triste. L’empereur se rappela sa promesse et a envoya une grande armée camper devant de la maison du vieux coupeur de bambou. Des centaines d’hommes furent placés sur le toit de la maison. Sûrement personne ne pourrait entrer par une telle garde.

La première nuit de la pleine lune arriva. La princesse attendit sur le balcon le lever de la lune. Lentement, au-dessus des arbres sur la montagne se leva le grand disque argenté. La nature se faisait silencieuse. La princesse se rendit auprès de son père. Il était étendu, comme endormi. Quand elle s’approcha de lui il ouvrit les yeux. « Je vois maintenant pourquoi vous devez partir, » dit-il alors « C’est parce que je m’en vais aussi. Merci, ma fille, pour tout le bonheur que vous nous avez apporté. » Alors il ferma les yeux et elle constata qu’il était mort.

La lune devenait plus haute et plus grande. Une ligne de lumière comme un pont féerique jaillit du ciel jusqu’à la terre. Descendant de ce pont, comme la fumée guidée par le vent, sont apparues des troupes innombrables de soldats en armure brillante. Il n’y avait aucun bruit, aucun souffle de vent, mais ils avancaient promptement. Les soldats de l’empereur se figèrent comme de la pierre. La princesse s’avança à la rencontre du chef de ces visiteurs merveilleux.

« Je suis prête » dit-elle. Il n’y avait aucun autre bruit. Silencieusement il lui remit une tasse minuscule. Elle l’a bu. C’était l’eau de l’oubli. Toute sa vie sur terre s’effaça de sa mémoire. Une fois de plus elle était une servante de la lune et vivrait pour toujours. Le chef étendit doucement un manteau de plumes aussi blanches que la neige brillantes sur ses épaules. Ses vieux vêtements glissèrent alors à terre puis disparurent.

Montant comme les brumes du matin qui se trouvent le long du lac, la compagnie blanche passa lentement au dessus du Fuji Yama, la montagne sacrée du Japon.

Montant a travers la blancheur de la lune, la longue ligne passée, ils ont alors atteint les portes argentées de la ville de lune où tout est bonheur et paix.

Les hommes disent qu’encore actuellement des brumes blanches perlées s’échappent de la couronne sacrée du Fuji Yama, comme un pont flottant vers cette ville féérique au loin dans le ciel.

FIN

Traduit de l’anglais par Cécilia et Moi.


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  1. Quel beau cadeau de nous avoir traduit ce conte! La fin est mystérieuse: quel enfant n’a pas rêvé un jour de rejoindre la lune…
    Il y a aussi beaucoup d’enseignements dans cette histoire, à méditer donc durant cette période elle aussi mystérieuse.

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