Perception

« La parole remet la pensée en sensation. »
– Rivarol

« Un bon croquis vaut mieux qu’un long discours. » Cette citation de Napoléon montre la pertinence de la propagation d’idées par l’onde électromagnétique par rapport à celle de l’onde sonore. En physique, l’onde sonore est une vibration qui nécessite de la matière, dans le vide de l’espace c’est impossible, par contre l’onde électromagnétique non seulement le peut, mais d’une manière généralement beaucoup plus rapide. La communication visuelle permet ainsi de vastes possibilités à la propagation des idées, comme cet avantage de pouvoir conserver l’information et de la transmettre d’une manière très commode.

Nous baignons dans une culture très visuelle, et la nuit lorsque le soleil est sous l’horizon, nous restons éveillés à l’aide de lumières artificielles, à continuer d’explorer l’univers visible, et de plus en plus invisible.
En effet quand vient la nuit c’est un tout autre monde qui s’éveille, qu’on ne soupçonne pas toujours, calqué sur le monde visible auquel nous nous sommes adaptés.

Quelle est l’ampleur de ces mondes qui tendent à échapper à nos sens ? Quelles peuvent en être les révélations ?

Exploration du vide - Paul Robertson

Le vide – Paul Robertson

Adaptation de la perception

« Tout ce qui se manifeste est vision de l’invisible. »
– Anaxagore

Lorsque quelqu’un émit l’hypothèse farfelue que les chauvesouris pouvaient voir avec leurs oreilles, on entrait non pas dans un délire, mais dans un nouveau monde. Aujourd’hui on sait que les formes de certaines fleurs se sont adaptées aux pollinisateurs providentiels que sont les chauvesouris en adoptant des formes attirantes dans un domaine invisible à l’oeil, les ultrasons. Et c’est toute une biologie qui s’est adaptée à cette moitié de journée terrestre plongée dans le noir où le sens de la vue n’est plus pertinent.
Entre le jour et la nuit, il n’y a guère de différence de durée, 8 heures environ en faveur de la nuit en hiver et l’inverse en été, l’équilibre est assuré, du moins en dehors des pôles. En revanche la vie est plutôt favorable à la chaleur et à l’énergie que peut produire le soleil.

L’irradiance spectrale du soleil est la plus importante dans le rayonnement visible, celui sur lequel est orienté notre vision, le spectre de la lumière visible. La richesse du sens de la vue est donc intrinsèquement liée à la quantité d’informations que peut procurer cette grande émission énergétique solaire. Percevoir les infrarouges la nuit est une faculté qui ne serait pas dominante en plein jour, car la vue est nettement très efficace et suffisante.
Le rythme nycthéméral (le jour et la nuit) à une grande influence sur notre biologie, synthèse d’enzymes et d’hormones, température, éveil et sommeil. Puisque le sens de la vue est inutile pendant la nuit, le sommeil doit probablement entrer en jeu pour assurer par le repos une meilleure performance pour la nouvelle phase de jour.

Le calmar géant possède des yeux de trente centimètres de diamètre, les plus grands du règne animal, pourtant la profondeur à laquelle ils évoluent ne laisse passer que 1 % de la lumière solaire voir moins.
Mais il existe une alternative à la lumière solaire, la biolumiscence, et c’est précisément cette lumière biochimique que le phytoplancton est capable d’émettre en présence du cachalot, le prédateur de calmars géants, c’est l’hypothèse probable pour expliquer la grande sensibilité aux contrastes à grande distance des yeux des calmars géants. Cette capacité est en concurrence avec celle du cachalot de pouvoir écholocaliser ses proies.
Et dans les océans l’écholocalisation à l’avantage sur la vue.

Entre perception et cognition

« Les paysages nous attirent dans la mesure où ils sont le miroir de notre perception intérieure. »
– Hélie de Saint Marc

Dans l’introduction je parlais d’ondes, sans entrer dans les détails de l’infiniment petit et de l’infiniment grand, c’est juste pour noter qu’il se trouve derrière les phénomènes tangibles que nos sens nous permettent d’appréhender un monde infiniment complexe dont la nature ne nous est pas aisément familière.

Et pour signaler un écueil possible dans ce que l’on pourrait tenir pour réel ou vrai est tout autant l’observateur que l’outil d’observation. En effet il ne suffit pas de percevoir, il faut encore anticiper les erreurs possibles contextuelles, par exemple la poussière sur le capteur d’un objectif est-elle un objet pertinent à la prise de vue ?
Évidemment non, comme les aberrations chromatiques. De même nos interprétations de phénomènes naturels peuvent être influencées par notre environnement personnel et socioculturel, lui-même conditionné par des mécanismes cérébraux.

On ne peut pas dire que les aberrations soient fausses, elles sont là, présentes, et de la même manière que la matière qui nous compose, il faut simplement tenir rigueur d’avoir conscience de leur existence pour ne pas passer à côté d’une compréhension plus globale des évènements.

Eurêka

« Mesure la sincérité et la piété dans ton cœur et tu sauras les distances dans le ciel. »
– Akiva ben Joseph

Pour résumer mieux vaut rester ouvert d’esprit, c’est assurément une bonne base éthique, tout en gardant en tête que la principale réalité qui nous concerne, c’est premièrement la nôtre, qu’au-delà des concepts et des idéologies il y a une part de vérité qui est en nous comme en dehors. Notre planète regorge de mystères et de beautés et c’est vrai qu’il y a beaucoup de choses à percevoir, comprendre, découvrir et expérimenter, mais c’est aussi un monde où la destruction est permise même par la plus infime des particules.

Quand vous aurez lu ceci, vous serez capables de faire de multiples analogies et comprendrez intuitivement que l’idée de base est fondamentale puisqu’elle est l’évolution et que cela est par conséquent un témoin des préoccupations et des réflexions de notre époque. Pour relever les défis humains (dont nous doutons de la possibilité de les relever tellement notre carcan est déjà insidieusement conséquent), on ne peut plus se permettre d’élever les uns pour abaisser les autres, ça ne rend service à personne, car inconsciemment ceux qui réussissent n’accepteront jamais cet état de fait, car il sera toujours impossible d’empêcher la totalité de l’humanité d’avoir un minimum de conscience de qu’il y a de plus serein et meilleur au fond de tout cela.

Conclusion certes trop morale, trop frondeuse, mais n’est-ce pas au fond ce qui motive et inspire la civilisation, l’espoir d’une cohésion effective, qui permettrait l’évolution bienheureuse de chacun ? Et par conséquent les questionnements philosophiques, les recherches scientifiques, la littérature, etc ?

Dwyane Wada, Li Ning.

Dwyane Wade, Li Ning.

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  1. Oh dis-donc!Tu as du avoir 25/20 en philo, toi!!
    Je ne peux que me rallier à ta façon de perce-voir le monde qui nous entoure et la photographie est un excellent moyen d’y parvenir pour celui ou celle qui souhaite tenter de le comprendre.
    Excellente démarche pour prendre du recul par rapport à la superficialité de nos sociétés…
    Raison pour laquelle nous voulons quitter l’Europe…. sans aucun bagage, sac à dos, avec cette recherche en tête…
    Bises, Fab, et bon weekend et bravo pour ce article… fallait oser!

  2. C’est une seconde nature, lol.
    Superficialité, c’est clair, c’est plus facile d’agir sans chercher à comprendre, sans se poser de questions, pour faire un clin d’œil à « Temps » de Stephen Baxter, on suit le banc(la masse) et on finit par croire qu’on a plus le choix de pouvoir faire autrement et dans un sens, c’est vrai.
    Libres, hors d’Europe ça va le faire. 😉
    Bises Noushka et à bientôt !

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