Pressées de se mettre en presse, les âmes de nos pensées sont pressées, dans l’herbier de nos envies folles, dans l’espoir d’être publiées, vues, admirées, jetées dans le désir d’êtres sans cesse aimants, attirées paraitre aimées, d’êtres tout juste aimables.
Nos réseaux sont des garde-manger, de chairs à pâté, où l’authentique se veut sans matière ajoutée, comme si pour exister notre pensée ne souffrait pas d’être contestée.
Écoutée et testée, pour mieux condamner, ou pour comprendre, avec sincérité, voir les deux, comprendre et mépriser, le contestable.
Dans la valse des raisons, un pas appelle l’autre, le c’est mieux maintenant qu’avant n’existe que pour éclipser le c’était mieux avant, et vice-versa.
Je suis, je like et je dislike.
Mais restons optimistes.
Ce n’est pas mieux, mais ça a l’apparence du meilleur, et c’est toujours ça de pris…
Je suis, je panse
Une fleur, un insecte ? Je presse, ploc, la matière gicle.
Destruction ou collection.
Sacrifice gratuit sur l’autel morne de mon existence, j’écrase je vis, je presse, je tue ce que je cherche à comprendre.
Et c’est ainsi.
Vraiment ?
Soit, tu crois être aimé, tu n’as besoin de rien.
Mais quel loup nourris-tu ?
Celui qui panse ou celui qui croque ?
Tu as la réponse.
Si tu as besoin d’être impitoyable pour être aimé, respecté, c’est que tu vis dans le monde du méchant loup, et dans ce monde là, c’est vrai, seul le méchant loup peut t’aider, à ricaner.
L’autre n’y peut rien.
Et ça ne change rien au destin.
Un jour tu seras croqué.
Alors dans ce cas, n’oublie pas, personne n’est innocent.
Un conte à rêver, bien debout
Besogneuse, l’araignée est toujours sur le fil.
Et murmure à l’oreille des fourmis, va, tu as des ailes, et vole.
Prise dans le web, la fourmi s’agite, suis des lignes, captivée par la matrice.
Anesthésiée, rassurée, elle se sent en sécurité, comme dans un cocon protecteur.
Et ce n’est pas que sa vie qui défile sous ses yeux, c’est surtout celles des autres, selfies, plats, lieux, paysages.
Mais depuis, l’araignée n’est plus, du moins de manière plus ou moins cohérente, surtout dans le ventre d’une autre araignée plus gourmande.
La fourmi se libère, et se sert de la toile non plus pour piéger, mais pour créer, apprendre, s’amuser.
Maintenant, et sans chuchotements, elle se réappropriera ainsi ses propres ailes.
Un brin de folie
J’ai hésité à publié ces pensées sauvages dans ce que je considère avant tout comme un photoblog, mais je trouve qu’il est d’actualité de réfléchir sur ces thèmes que sont le partage, les réseaux sociaux et la nature dans tout cela.
J’ai constaté que ce sont des réflexions qui vous tiennent à cœur aussi, car vous êtes nombreux à être créateur de contenu, simplement en ayant un compte facebook ou instagram.
L’écueil à éviter est de prêcher, car le convaincu tout comme son opposé, va s’ennuyer et il est plus utile de reconnaitre qu’avant toute chose il y a un désir et du plaisir.
Bien sûr on cherche à plaire que ce soit par l’image ou le texte, c’est une communication non désagréable, pour moi c’est un laboratoire toujours expérimental qui rassemble mes inspirations et pose mon regard.
Et les retours sont très encourageants.
Il est aussi agréable de constater que l’on est pas seul, dans ses folies de nature.
Ce n’est peut-être pas très sérieux, mais je n’ai pas d’autre engagement que de susciter par l’image, la curiosité et le goût de la découverte, et par le texte le recul que l’on peut avoir en se retrouvant dans une dimension plus grande que nous.
Il y a une tentation narcissique évidente dans les réseaux sociaux, car c’est bien le désir de paraitre qui nous motive, et je pense que nos inquiétudes fondées proviennent du fait que cela à peu de sens s’il n’y a pas un partage réel derrière tout cela.
Nous sommes aussi comme ces druides qui ont peur de la parole écrite, car elle leur semble morte, nous misons la qualité de nos échanges sur la parole orale, l’expérience directe, et bien que nous soyons persuadés d’être des êtres sociaux évolués par ce fait, le mystère du monde qui nous entoure s’épaissit de plus en plus.
En effet, à moins d’être un spécialiste ou un amateur éclairé, que savons-nous vraiment sur la vie sauvage et ses implications, j’ai peur qu’un jour il ne reste que les photos pour se donner une idée de ce qu’est un être vivant sauvage, ce qui est déjà un peu le cas.
Nous nous adaptons à nos propres créations, et nous devons rester vigilants, que nos outils demeurent des aides à l’épanouissement et non des moyens de pression.