L’expérience écourte les ailes de l’imagination; mais la contemplation les fait repousser.
Frédéric Schlegel
Retrouvons dans la nature ce nouvel œil,
Celui qui nous montre le possible bonheur,
Celui qui relie, qui tolère les altérités,
Qui, dans un coin perdu nous fait retrouver,
Le goût du vivant, l’être bien et ses valeurs.
Sachons apprécier les parfums de ces moments,
Car l’autre, œil qui juge, ignore et méprise,
Nous aveugle et paralyse comme un poison lent.
Or la vie est aussi dans ce qui se cache,
La vitesse n’est pas que la rapidité,
L’accélération n’est pas que le dynamisme,
Et la visibilité n’est pas que l’apparence.
Le photographe sait que la distance est une mise au point,
Pour réapprendre à encadrer les bons moments,
En leur redonnant une dimension sacrée,
C’est-à-dire une nature incorruptible et intemporelle.
On dit que la science sans conscience n’est que ruine de l’âme,
Raison sans connaissance tend à la déraison.
Or la déraison de l’imaginaire peut conduire à l’innovation.
Découvre les secrets de la forêt
Un tapis de fleurs immaculées, une odeur fin d’ail, au loin le chant du coucou gris.
L’ail des ours, aux petites fleurs blanches étoilées.
Clochettes, jaune pâle, la consoude tubéreuse.
Royale, l’orchidée règne dans un territoire caché.
Regarde autour de toi
Pas si loin la vie sauvage, furtive et secrète.
La terre fraichement retournée, repas, pour les cigognes.
Regarde de plus près encore
Tenir bon, ou s’amuser, qui peut le dire ?
Dans les bois, la panthère se cache dans l’euphorbe.
La libellule, véritable tigre volant, se repose.
En attendant les amies.
L’aéroport du pissenlit, que des départs !
Contemple, et puis repars
Tiges élancées sous un soleil orange, le pavot.
Autre dame des prés, l’anacamptis morio.
Il ne manque pas de toupet, ce muscari.
Entre ombre et lumière, le bouton dort.
Non moins élégante, l’ortie jaune.