Brèves évocations mythologiques
La longévité est directement personnifiée et symbolisé en Chine par Shouxing, le troisième des dieux de la bonne fortune du taoïsme, il a une longue barbe et un gros crâne chauve.
Il porte un bâton noueux et un potiron qui détient l’eau de vie, il possède aussi la pêche de l’immortalité. Il est parfois représenté avec une grue, une tortue ou un champignon, symboles eux aussi de longévité comme tant d’autres dans bien des règnes, animaux ou végétaux.
En Égypte antique on pourrait citer l’ankh, symbole de vie, qui serait peut-être lié au nœud d’Isis, car la magie de cette dernière à permet le retour à la vie d’Osiris.
En occident on connait les vanités dans l’art pictural, représentations de crânes osseux, pour souligner la brièveté de la vie, les possessions matérielles et l’immortalité.
La vie sous de multiples formes
Les êtres vivants se classent en trois grands différents règnes, celui des eucaryotes, animaux, végétaux, champignons, etc., celui des bactéries et celui des archées (organisme résistant parfois aux conditions extrêmes, entre eucaryote et bactérie, durée de vie probablement aussi courte qu’une bactérie).
Pour une bactérie la durée de vie varie selon l’espèce de quelques minutes à une quinzaine d’heures.
Il n’y a aucune certitude pour ce qui est des bactéries mais d’après une étude, certaines espèces peuvent former une spore en présence de conditions de survie défavorables et s’y enfermer jusqu’à 250 millions d’années pour revenir ensuite à la vie, ce n’est pas un allongement de la durée de vie, mais une longue pause à travers celle-ci.
Ceci dit une étude plus récente tendrait vers 500 000 ans la limite de la relative longévité d’une bactérie montrant des signes d’activité.
Le tardigrade, minuscule animal, peut aussi se mettre en pause pendant 8 ans en cryptobiose.
Ces différents règnes ne sont pas des séparations naturelles fondamentales, bien que le fonctionnement biochimique de ces êtres soit parfois totalement différent (comme le stockage des glucides), les différences ne sont pas toujours aussi nettes qu’on pourrait le croire, ainsi nos propres cellules empruntent des gènes aux règnes des archées et des bactéries, toutefois les dernières recherches appuient l’hypothèse selon laquelle les eucaryotes auraient pour ancêtre une archée.
Les records du monde végétal
Les végétaux et surtout les arbres sont les champions de la longévité.
Un célèbre cas est le légendaire châtaigner (moyenne de 1000 ans) de l’Etna, qui était âgé de plus de 3000 ans.
Autres exemples :
Séquoia géant, jusqu’à 3500 ans.
Olivier, 1600 ans et plus.
Chêne pédonculé, de 500 à 1000 ans.
Aubépine, platane, 500 ans.
Sapin, 200 à 300 ans.
Saule pleureur, 100 ans.
Noisetier, 50 ans.
Le lichen est une symbiose entre algue et champignon, et peut vivre jusqu’à plusieurs siècles.
L’évaluation âge d’un arbre n’est pas toujours aisé, ainsi l’olivier et particulièrement le dragonnier qui ne possède pas de cercles concentriques et donc rend toute mesure de dendrochronologie impossible pour cet arbre probablement multiséculaire.
Le record ultime est détenu par un épicéa (400 ans en moyenne) en Suède, même s’il s’agirait actuellement d’une repousse, il est bien issu d’un arbre né en 7158 avant Jésus-Christ ! Soit moins de 9000 ans…
Âgé comme un coquillage
Vertébrés, invertébrés, insectes et autres arthropodes constituent la caste des « animés », les animaux.
Un petit insecte emblématique, car entré dans le panthéon des expressions humaines : l’éphémère, adulte il ne vit que quelques heures. À une nuance près tout de même une fois adulte, il ne peut pas se nourrir, et il vit à un stade larvaire de 1 à 3 ans.
Pour le record, la palme revient à un mollusque bivalve, le quahog nordique, pour plus de 400 ans, la palourde n’est pas loin avec ses 200 ans.
En dehors des mollusques les classiques tortues géantes jusqu’à 190 ans et les baleines franches à 130 ans et plus.
La mouche, 20 jours.
Le ver de terre, 2 à 8 ans.
La souris, 4 ans.
Le lapin, 5 à 10 ans.
Rossignol, rouge-gorge, 10 ans.
Le mouton, 14 ans.
L’écureuil, 15 ans.
La marmotte, 18 ans.
Le corbeau, 19 ans.
La carpe, 20 ans.
Le martinet, 21 ans.
Le chat, 22 ans.
Le perroquet, 35 à 60 ans.
Le héron cendré, 35 ans.
Orang-outang, 40 ans.
Éléphant, 50 à 80 ans.
Silure, 80 ans.
Moule d’eau douce, 100 ans.
Des repères qui tendent vers des limites
Tous ces chiffres sont dans la mesure du possible des âges moyens et il y a de nombreux exemples pour les faire mentir, car naturellement les conditions ne sont pas toujours les mêmes.
L’espérance de vie dépend de nombreux facteurs, dont la différence entre animaux sauvages et animaux domestiqués dans une même espèce.
Les maladies, les prédations, les famines sont tout autant d’agents réducteurs de l’espérance de vie.
Les sites les plus sérieux qui recensent les données biologiques indiquent cette différence entre espèces et milieu domestique ou sauvage, un animal domestique aura logiquement de plus grandes chances de voir sa longévité augmentée.
Ceci dit chaque espèce possède une certaine limite biologique.
La fin de la vie
Quand on voit toute cette richesse du monde du vivant, on aurait tendance à s’estimer être son fleuron et avoir pour devoir de dominer toutes ces espèces dites inférieures, or il est évident que si des organismes aussi anciens vivent encore actuellement et probablement vivront bien après nous en toute sérénité (à moins que nous ne les exterminions tous avant), le monde vivant n’est pas fondamentalement conçu pour aboutir systématiquement à un être humain.
Ce qui n’empêche pas pour autant que nous soyons des messagers privilégiés de la complexité.
La mort est probablement un des sujets les plus difficiles à aborder, déjà parce que l’on est bien content de profiter d’une longue évolution qui remonte bien avant même notre espèce et qu’on ne la souhaite pas à grand monde, nous compris, ensuite parce qu’il s’agit tout de même d’un paradoxe même s’il est là encore difficile à récuser pour la bonne raison que l’on n’est pas sans apprécier la vie.
Des idées comme louer la mort en tant que force créatrice en est peut-être une dérive compensatrice, s’il est vrai que la mort cellulaire permet de façonner et de faire fonctionner un être vivant on ne se risquerait tout de même pas à tomber dans un anthropomorphisme qui applaudirait le suicide puisqu’il n’y a dans ce phénomène d’apoptose aucune forme d’intentionnalité.
Si la fin d’une vie n’est pas la fin de la vie, la participation de cette vie reste essentielle et sa disparition reste cruelle, dans un ordre des choses dont on n’est pas exempté de remettre en cause puisque nous avons une conscience pour ça, il reste évident que nous prenons part à quelque chose qui nous dépasse encore, mais que nous devons maitriser autant que possible, car nous en avons certes une infime, mais une certaine possibilité.
Comme est étrange la condition de nous autres mortels ! Chacun d’entre nous est ici pour un bref séjour, sans savoir pourquoi, même si parfois on croit le pressentir.
Par l’expérience quotidienne, concrète et intuitive, je me découvre vivant pour certains autres, parce que leur sourire et leur bonheur me conditionnent entièrement, mais aussi pour d’autres hommes dont, par hasard, j’ai découvert des émotions semblables aux miennes.
Et nombre de fois où chaque jour, je ressens ma vie, corps et âme, intégralement tributaire du travail des vivants et des morts.
Je voudrais donner autant que je reçois et je ne cesse de recevoir. Puis j’éprouve le sentiment de ma solitude et j’ai presque mauvaise conscience d’exiger d’autrui encore quelque chose.
Je vois les hommes se différencier par les classes sociales et, je sais, rien ne les justifie si ce n’est la violence.
J’imagine accessible et souhaitable pour tous, en leur corps et en leur esprit, une vie simple et naturelle.Albert Einstein, Comment je vois le monde.
Prenez le temps d’imaginer être un insecte dont la vie bien pleine, nous paraît si courte, ou un vieil arbre qui grandit et contemple la succession des générations d’autres espèces, un exercice pas inintéressant dont les résultats peuvent élargirent notre vision du monde.
Sources
Documentation :
Une bactérie en hibernation depuis 250 millions d’années.
La bactérie qui avait 500 000 ans.
Illustrations :
L’illustration de l’extrait, l’arbre de vie, mosaïque, motif oriental,wikipédia.
Shouxing, ?
Arbre phylogénétique, wikipédia.
How Long Do Animals Live ? Compton’s Pictured Encyclopedia.
Citation :
D’Albert Einstein, Extraits de Forum and Century, Vol. 84, pp. 193-194, à lire en langue originale.