Régler l’heure d’été, check.
Recharger les batteries, check.
Serrer les sangles, check.
Nettoyer les objectifs, check.
La routine de reprise printanière tente de conjurer le questionnement : suis-je capable de voir, à nouveau ?
La météo aplanit toute inquiétude, sortir de l’hiver, c’est comme ôter un voile de ses yeux.
La lumière est parfaite, ressourçant chacune de mes cellules par cette énergie inespérée.
Peu importe la photographie, c’est avant tout un accueil et des rencontres.
Car au coin de l’œil on se rend compte que l’on n’est pas seuls, lapins, lièvres, chevreuils, martres, pics, cigognes, canards, hirondelles, coucou, etc.
Eux aussi semblent absorber cette aubaine, et ma présence ne les émeut guère.
Prémisses en vert et blanc
Ce qui me frappe dans le monde, sur le plan des idées, c’est la culture de la décohérence.
Presque tout le monde est persuadé de l’intérêt de préserver la forêt amazonienne, or un documentaire vous montre que la sciure brésilienne s’importe dans votre pays pour faire fonctionner des centrales au charbon.
Pire, on n’a jamais tant exploité le bois autour de nous, qui parfois part en Chine.
Et paradoxalement, on peut trouver sur le net des interviews de scientifiques qui vous expliquent que le végétal est un vivant qui mérite le respect !
Arbres et arbustes
La lune aussi, accompagne ce printemps azur où les feuilles vertes se déploient.
Un arbuste héliophile ne peut que se développer et fleurir en cette saison.
La touche blanche qui embellie nos haies, les fleurs des prunelliers.
Absence de branches sur un côté : signe de la présence d’une route.
La primitive
Quelles attitudes ancrées dans notre nature, dans notre culture, peuvent alimenter cette décohérence.
Le paternalisme probablement, c’est la justification de la priorité pour dominer avec pour seul moteur ses propres intérêts, sans le souci des conséquences.
Le maternalisme aussi, c’est du paternalisme déguisé en considération bienveillante, infantiliser et interdire, diriger les émotions avec des « il faut » et « il ne faut pas ».
(Ces termes doivent être maniés avec prudence, car s’ils dénotent l’influence d’un genre sur le plan socioculturel, les processsus psychologiques qui les sous-tendent n’appartiennent ni à un genre ni à un autre.)
Pour dire que tout cela ne fonctionne pas, les chiffres ne sont pas compliqués à trouver, la sixième extinction de masse ne passe pas totalement inaperçue.
Prêle des champs
Alliée des fougères, la prêle et son épi sporifère.
Même prêle, avec cette fois ses tiges stériles.
Couleurs naissantes
Entre le temps qui ne se prend plus, tête dans le guidon, le quotidien fossoyeur des remises en question.
En arrière-plan, la banalisation médiatique du délitement humain.
Surtout et encore, le piège ultime, ce mécanisme que l’on pose sans trop d’effort, et que l’on peut laisser à distance et dont la victime n’a aucune conscience.
Un piège qui pousse à faire taire les voix dérangeantes et se préserver dans une zone de confort mutuelle : la croyance de l’appartenance à une communauté qui ne peut subsister que par complaisance et identification, une norme tellement intériorisée qu’elle ne se définit ni ne s’identifie plus comme telle.
Les officinales
La primevère officinale, dite « coucou ».
La pulmonaire officinale, moins iconique que les coucous, malgré l’apparence pas de la même famille, mais tout aussi jolie.
Les printanières
Une pointe de rose avec l’érodium commun.
La blancheur veinée de vert de la saxifrage.
Les petites potentilles jaunes.
Le bleu de la petite pervenche.
Circulez, il n’y a pas de lézard
Malgré les outrages des temps, les couleurs naissantes semblent nous rappeler, avec une force tranquille et inlassable, que des possibles sont toujours présents.
Éducation, information, science, bonté, solidarité, courage, compassion, etc. Tout autant de familles et de genres qui résistent et changent le monde, à une échelle souvent humble mais puissante.
Le lézard vert se chauffe au soleil printanier.
Une flottille de ragondins en halte.