Un homme marchait à vive allure sur un sentier de terre parsemé de cailloux de formes et de tailles diverses.
Un miaulement perçu soudain derrière lui le fit se retourner et en cherchant à se rapprocher de sa source il espérait percevoir la réalité visible issue de son imagination, l’origine tangible de ce qui produisit ce son, mais il ne perçut du coin de l’œil que l’ombre furtive d’un petit félin familier.
Son regard envahissait tout l’espace qui le séparait de la source de toute son attention, c’est alors que distrait dans son cheminement, mais concentré sur son désir d’apercevoir le propriétaire de la silhouette féline il trébucha sur un caillou et s’effondra pitoyablement sur le sol.
Une autre réalité s’imposait à lui brutalement quand la terre percuta son visage.
Il se releva lentement, blessé dans son amour-propre et préoccupé encore par la possible présence du chat, mais rien.
Il se dit alors : « Comment moi, dans ma confiance et ma suffisance ai-je pu été battu par un simple caillou, ne suis-je pourtant pas l’être le plus intelligent ? »
Il prit alors conscience de la force du caillou, capable de renverser l’être conscient le plus technique de la création.
Sa nature d’homme lui souffla alors plusieurs possibilités d’exploitation de cette prise de conscience, il pouvait utiliser cette force afin de renverser ses semblables, les plans d’une fronde prenaient naissance dans son esprit.
Il pouvait aussi rassembler plusieurs cailloux et par leurs forces ajoutées se créer une protection, et ainsi pouvoir tracer les futurs plans d’une solide maison.
Il est clair qu’il poursuivit son trajet avec ces idées en tête, même si l’on ne sait quel chemin il prit.
Ce que l’on sait c’est que plus tard dans les méandres de l’histoire le caillou est devenu une imposante boule propulsée capable de percer de grands murs de cailloux taillés et assemblés.
Voilà que les idées de l’homme s’entretuent à cause d’une simple chute, il n’a décidément rien appris de la véritable teneur de la leçon du petit caillou qui n’en avait d’ailleurs pas à donner.
Mais un jour le petit caillou y mis son grain de sel, et en se divisant en une mer de petits grains tous les grands cailloux se fractionnèrent sous la force cumulée d’une multitude et tout ne fût plus qu’un, le désert, naturel, eu raison de l’être qui s’estimait être le plus conscient et sage.
Illustration : Chat va aller, piratage de John Tenniel et de Gustave Doré.