Le premier contact de l’homme avec son environnement est de faire un inventaire de ce qu’il peut ramasser et cueillir, des végétaux et des animaux, de ce qui lui est utile et vital. Le premier problème que peuvent avoir rencontré les premiers hommes chasseurs-cueilleurs est la comestibilité des ressources naturelles. On imagine la méthode employée, accumulation et transmission du savoir et tests peut-être sur des animaux. Mais à un moment donné il faut bien se résoudre à se jeter à l’eau et s’alimenter c’est ainsi qu’intervient alors le gouter, dont le sens étymologique primitif est « essayer ». Si gouter est une tentative, la dégustation est la méthode qui vient après cette analyse de comestibilité, car la question est maintenant de savoir si une ressource est bonne ou mauvaise d’une manière culturelle, et donc relative.
L’élément naturel qui entre ici en scène est celui de la terre, intimement liée à la vie, dans la mythologie préhistorique, cet archétype pouvait être signifié en de multiples visages de ce que l’on peut appeler la Déesse mère, qui enfantera à son tour plusieurs divinités représantant la nature comme Isis.
Terre : corne d’abondance
Le chasseur-cueilleur prélève dans la nature ce dont il a besoin et la nécessité, s’il est sage, lui impose de ne pas en prendre plus, car sa propre survie peut en dépendre.
Les baies, fruits, plantes et les animaux lui apportent tout ce dont il a besoin, pas forcément de manière régulière et suffisante, la chasse et la pêche sont complémentaires.
Il est intéressant de noter qu’en Bourgogne et ailleurs quelques-unes de ces pratiques sont encore présentes, notamment grâce à l’escargot que l’on cueille dans les haies et les fossés.
Un autre mets qui peut révulser un non-initié, la grenouille, que l’on continue encore de consommer bien que sa pêche soit presque absente sur notre territoire.
Le champignon, que malgré nos appétits de propriété des terrains nous pouvons encore ramasser.
Les plantes sauvages, asperge sauvage, cresson, mâche, thym, pissenlit.
Les fruits des arbres, châtaignes, pommes, poires, mures, noix, nèfles, prunes, raisins, pêches, figues, cerises.
Les légumes oignons, ail, artichauts sauvages, carottes sauvages, choux.
Les produits dérivés, œufs, miel.
Parfois des minéraux, comme le sel.
Et ce qui revient à la mode, les insectes !
Pour nos ancêtres il était plus facile et sans danger de ramasser des végétaux, mais la viande des carcasses des animaux tués en prédation faisait son entrée dans le régime de l’alimentation humaine. Si à ce moment l’homme est charognard deux éléments dont un principalement apparaissent dans la vie de l’homme et vont changer son mode de vie à jamais : l’usage du feu et de l’eau.
Feu et eau : réconfort désaltérant
Tous ces précieux aliments nécessitent des efforts permanents et sont plutôt difficiles à digérer, le feu sera un réconfort. Et pas seulement le feu il ne faut pas oublier l’élément le plus indispensable à la vie, l’eau…
Il y a un plat qui a traversé les âges et est représentatif de cette nouvelle utilisation des ressources cueillies dans la nature : la soupe ! Bien pratique pour réunir les légumes, certaines plantes, voire de la viande, dans un réceptacle qui bouillonnera au crépitement du feu.
Le feu permet de cuire les aliments et la viande avec plusieurs possibilités, grillade, cuisson à l’étouffée, à la broche, etc.
Les huitres, pétoncles, palourdes et les autres coquillages étaient aussi une source de nourriture à portée de main.
Il faudra en revanche attendre le néolithique pour une nouvelle découverte, car à ce stade les hommes débutent à moudre les graines et incorporent dans la soupe de la farine, la bouillie est inventée et elle sera le vecteur d’une nouvelle étape importante.
L’air : conservation et élévation
Parfois à Noël on mange encore du saumon fumé, le fumage est probablement pratiqué très tôt, car il permet de conserver les viandes et les produits de la pêche pendant longtemps grâce au séchage.
Pour revenir à notre bouillie, maintenant grâce au séchage à l’air libre elle engendre les premiers pains sans levain, qui ressemblaient plus à des galettes.
Or peut-être par accident un jour un homme a laissé cette bouillie trop longtemps de côté, c’est alors que la bouillie s’épaissit et devint une pâte, la fermentation allait révolutionné la vie de ces hommes qui commençaient alors à élever du bétail, à travailler la terre et à s’installer dans des maisons. Le levain était inventé et encore aujourd’hui le pain au levain peut se déguster.
Cette nouvelle pâte allait devenir le premier véritable pain. Et si l’on imagine que cette bouillie à l’origine soit faite d’orge alors on peut découvrir un autre pilier dans l’histoire de l’alimentation humaine, car cette même fermentation put donner naissance à un liquide amer : la bière.
Plus tard ils découvriront que la fermentation du raisin offre une boisson encore plus particulière, le vin sera alors né, mais ceci est une autre histoire.
Conclusion : recettes simples et primitives
J’ai sélectionné quelques recettes traditionnelles très simples et brutes (dans une liste non exhaustive) qui bien que modernes conservent encore cette impression d’être hors du temps, ou plutôt proche du temps de la découverte des éléments de base et des ingrédients nature.
Asperges vertes poêlées : Voilà une bonne préparation qui pourrait convenir à un végétal qui peut se ramasser dans la nature, l’asperge sauvage.
Escargots de Bourgogne : Le plus important dans ces plats c’est toujours la préparation beurrée, qui apporte le véritable gout, sinon l’escargot reste un invertébré peu ragoutant.
Cuisses de grenouilles : Dans cette recette on rajoute juste toujours un bon jus de citron sur les cuisses juste avant la dégustation.
Moules marinières : Je ne suis pas coutumier de ce plat, mais je fais confiance à nos amis des côtes. À noter aussi la technique de l’éclade de moules, une technique de cuisson qui semble ancienne.
Soupe aux oignons : Une véritable soupe « claire », le gruyère râpé et les croutons sont plus que conseillés.
Pot-au-feu : Cela représente bien l’esprit primitif d’une soupe qui prend tout ce qui lui vient sous la main, ce n’est pas mon plat préféré, le pot-au-feu coréen est bien connu et peut-être plus intéressant.
Chou frisé aux pommes de terre : C’est un plat traditionnel hollandais, le Stamppot, normalement on utilise un vrai chou hollandais, le kale et une saucisse fumée ou des lardons.
Pain Naan : C’est le pain primitif d’Asie centrale qui a l’origine se faisait sans levain, il conserve toujours une forme de galette, et s’avère très délicieux, surtout avec les graines de sésame qui lui confèrent une note de graine grillée fabuleuse.
Pain au levain : Je connais moins donc je ne ferais pas de commentaires, mais le site web à l’air intéressant.
Boissons
La bière, intemporelle. Une autre des premières boissons de l’humanité, l’hydromel, mélange d’eau et de miel. Ne pas oublier le cidre aussi, produit dès l’antiquité.
Voila, j’espère que ce voyage temporel vous aura plu et peut-être ouvert l’appétit, à bientôt et bonne année !