« De toutes les énigmes de la nature, l’homme en est la plus grande. »
– Hypolite de Livry
Quand je lis enquête scientifique je me pose des questions sur notre rapport au monde.
Pas besoin d’études pour savoir que la nature nous fait du bien dirais-je.
Pourquoi vouloir modéliser quelque chose que nous ressentons, n’a t-on plus du tout confiance en nos intuitions ? Quel intérêt majeur motive cela ?
Pourtant les chiffres sont là, on ne peut pas contredire leur « pertinence » (heureusement relative), ils témoignent bien d’une réalité.
Mais c’est souvent une réalité parmi une réalité plus grande, que le cerveau est capable d’appréhender instinctivement, à sa manière.
En effet, personne ne va faire de calculs pour lacer ses chaussures, devenons-nous idiots à force d’intelligence ? La connaissance est nécessaire, mais parfois elle frise le trouble.
Le caractère « inédit » de ces expériences est tout aussi suspect, maintenant que les espaces naturels sont menacés on se poserait enfin ces questions. Je n’y crois pas.
Mais que cela change-t-il, bien sûr la nouveauté consiste en l’application de la méthode scientifique mais l’article le confirme, dès que l’homme se construit lui même son espace vital il ressent d’autant plus l’appel des étendues sauvages, et ce depuis qu’il est capable de construction.
L’imagination est plus importante que le savoir
« Qui veut s’élever au-dessus de la nature risque fort de descendre au-dessous. »
– Malesherbes
Quand on sait que les pays émergents adoptent le mode de vie occidental à grande vitesse, c’est aussi en développant tous les troubles qui l’accompagnent, pollution, inégalités perte des identités, tout cela pour plus de confort.
Et parfois les initiatives les plus utopiques ne proviennent pas de ces pays occidentaux pris pour exemples.
En Corée du Sud on créer des forêts thérapeutiques, le concept est excellent, des enfants en difficulté peuvent y camper, des pompiers traumatisés y pratiquent le yoga, etc. Cela inspire surement des pays européens.
Quand un ministre coréen affirme que l’atout de la forêt réside plus dans la santé que dans l’exploitation du bois c’est un immense changement de paradigme, car notre obsession de performance et de profit s’oppose naturellement à cette idée. On le voit dans nos campagnes les lois sont de moins en moins permissives, la perception de la nature est toujours aussi froidement pragmatique même dans la séduction de son potentiel touristique, et cela ne s’arrange pas avec les difficultés économiques.
Les forets diminuent et les bosquets disparaissent de manière linéaire depuis l’antiquité, d’ailleurs est-ce que des rangs d’arbres alignés au cordeau peuvent mériter le nom de forêt ?
L’avare aseptisation sous couvert de « rationalisation » (rappelez-vous aussi ces études récentes qui entendent chiffrer les services rendus par la nature…).
Pourtant et le constat est de plus en plus visible, la pratique sportive en plein air est en grande progression, le nombre de cyclistes sur les petites routes explose. Les forêts accessibles sont parfois visitées par des promeneurs, joggeurs, cueilleurs. La soif de nature est grande.
Un dangereux déséquilibre
« On n’oblige jamais la nature à des avances qu’elle n’en fasse payer les intérêts très cher. »
– Charles Pinot Duclos
Une autre conséquence de l’aseptisation concerne les enfants, qui passent beaucoup moins de temps que leurs générations précédentes en extérieur, un comble pour une société qui se veut écoresponsable sur le long terme.
La mondialisation a apporté la paix et une richesse de partage des savoirs et d’échanges économiques jusqu’alors seulement accessibles qu’en rêve, pourtant la médaille à aussi son revers, c’est aussi des bouleversements dans des écosystèmes déjà bien menacés, les espèces invasives en sont les symptômes. C’est comme si nous avions mis le doigt non pas dans une machine à remonter le temps, mais dans une autre qui l’accélère, et toucher à l’équilibre découlant de l’écoulement naturel du temps est un pouvoir que l’on risque de payer très cher.
Bien sûr la nature n’est pas un paradis, catastrophes naturelles, vermines, prédations n’ont rien d’enchanteur. Mais nous avons oublié à quel point notre histoire nous a permis de nous installer dans une nature favorable, paradisiaque en comparaison d’autres territoires très inhospitaliers. Bien trop accablés par nos activités mécaniques et émoussés par notre confort, nous avons tendance à détruire le seul paradis qui nous est disponible.
C’est bienfaits la nature
« Les hommes n’ont pas encore compris que les lois de la nature sont le respect, l’écoute, l’harmonie et l’amour. »
– Marie-Claire Blais
On parle beaucoup d’espaces verts dans les grandes villes, où la plupart ont déjà probablement toutes un parc, ça peut donner l’impression de se contenter d’une peau de chagrin, mais nous n’habitons pas encore dans des bases sous l’océan ou sous terre, même si nous bétonnons notre environnement, la nature est toujours présente, du moins elle est visible.
C’est notre mode de vie très concentré sur nos tâches qui entame notre propension à la contemplation, ce qui n’enjolive pas un cadre déjà parfois trop ou pas assez « humain ».
Je ne reviendrais pas sur les arguments des bienfaits de la nature sur notre équilibre, si vous souhaitez lire l’article sachez qu’il ne verse pas autant dans le scientisme comme j’ai pu en donner l’impression. Son auteur, Florence Williams est une journaliste scientifique américaine très honnête.
Je ne sais pas s’il faut après ces lumières et constats, faire une conclusion humaniste et réconfortante, je ne pense pas que l’on puisse se contenter de faire au mieux pour la génération suivante, l’instant présent est le seul qui est vécu, mon avis est que pour ne pas perdre ce précieux héritage il faut le replacer au cœur de nos vies, en ce sens beaucoup de choses ont déjà été accomplies quand tant reste à faire. Mais déjà dans les esprits se sèment comme dans un printemps invisible les graines qui feront germer les idées nouvelles, il ne reste qu’à savoir si elles seront assez fortes pour résister à nos propres démons.