Flos se aperit

Flos se aperit : La rose s’ouvre

Loin de moi l’idée d’employer des formules latines pour paraitre savant, j’ai cherché un terme dont l’étymologie ne comprenait pas l’idée de fermeture, même l’éclectisme par définition implique plus une liberté qu’une ouverture, inclure à le sens de comprendre dans un tout, il s’agit toujours d’enfermer quelque chose dans quelque chose, c’est un peu comme si c’était une métaphore du langage, dès que l’on fait l’emploi d’un mot celui-ci enferme définitivement son sens, un mot qui serait totalement polysémique n’aurait aucun sens…
Donc j’ai choisi une métaphore florale et j’en conserve la formule latine, puisqu’elle existe, c’est comme une conscience qui s’épanouie, est-ce l’espoir d’un état de grâce dans un monde qui bourgeonne ?

« En résumé, ni le pouvoir écrasant de l’État centralisé, ni les enseignements de haine réciproque et de lutte sans pitié que donnèrent, en les ornant des attributs de la science, d’obligeants philosophes et sociologues, n’ont pu détruire le sentiment de solidarité humaine, profondément enraciné dans l’intelligence et le cœur de l’homme, et fortifié par toute une évolution antérieure. Ce qui est le produit de l’évolution depuis ses premières périodes ne saurait être dominé par un des aspects de cette même évolution. Et le besoin d’entraide et d’appui mutuel qui avait trouvé un dernier refuge dans le cercle étroit de la famille, ou parmi les voisins des quartiers pauvres des grandes villes, dans les villages, ou dans les associations secrètes d’ouvriers, s’affirme à nouveau dans notre société moderne elle-même et revendique son droit d’être, comme il l’a toujours été, le principal facteur du progrès. »
– Pierre Kropotkine, L’Entraide, un facteur de l’évolution.

L’utopie

« Je ne crois point, au sens philosophique du terme, à la liberté de l’homme. Chacun agit non seulement sous une contrainte extérieure, mais aussi d’après une nécessité intérieure. »
– Albert Einstein.

L’homme est un animal social, c’est un fait acquis. Il y a plusieurs niveaux dans cette notion de groupe social, comme au plus proche de l’individu le groupe familial, avec ses liens de sang et quelques variantes, c’est un petit rassemblement qui ne s’inscrit pas forcément dans un groupe plus élargi(cela peut correspondre à la taille moyenne d’une meute de loups, dans la dizaine d’individus), l’homme nomade est de ceux-là. Vient ensuite la tribu, puis la société, un ensemble de groupes familiaux, dont la taille peut varier, ici la nécessité de mettre en commun les ressources est incontournable, c’est l’homme agriculteur et sédentaire, la dernière étape connue de cette globalisation des individus est la mondialisation.On ne parle jamais d’un comportement totalement opposé et asocial, peut être en existait-il au tout début de l’histoire de l’espèce humaine, qui sait ?

La dystopie

« Une fois qu’on a passé les bornes, il n’y a plus de limites. »
– Alphonse Allais.

Pour n’importe quelle entité vivante, le rassemblement peut tout autant s’avérer être un cercle vertueux qu’un cercle vicieux, le nombre implique une meilleure résistance aux pressions naturelles, et s’équilibre dans la survie du groupe, mais une fois les contraintes résolues, l’esprit de groupe l’emporte sur les esprits membres du groupe, plus il y a de bras plus il y a de nourriture et plus la population augmente, jusqu’à ce qu’une de ces ressources essentielles diminue de manière à mettre en danger la cohésion du groupe comme on sait que cela s’est produit dans certaines civilisations brusquement disparues.

La lutte

« Ventre affamé n’a point d’oreilles, mais il a un sacré nez ! »
– Alphonse Allais.

Si certains groupes ont été tentés de prendre par la force ce qui appartenait aux autres, à un moment cette force se retourne contre eux d’une manière ou d’une autre, car un groupe est un collectif qui ne collecte pas seulement les besoins essentiels, mais aussi les idées, l’intelligence du collectif va toujours dans le sens de la nature, aller au plus court sans gaspillage d’énergie inutile, ainsi chaque individu peut mettre au service de la communauté ses atouts particuliers, ce qui présente des avantages non négligeables qui combinés à une discipline et une organisation peuvent s’avérer extrêmement efficaces contre les bandes de barbares, mais cela suppose qu’eux aussi finiront par s’organiser par mimétisme.

L’entraide

« Distance: La seule chose que les riches soient prêts à accorder aux pauvres, en souhaitant qu’ils la gardent. »
– Ambrose Pierce.

Si les animaux comprennent les avantages de l’entraide, ils ne vivent pas forcément en société, les abeilles sociales par exemple ne représentent que 20 % des espèces d’abeilles, les cerfs ne sont pas toute l’année dans un groupe de plusieurs individus. On ne peut pas dire que l’évolution est ceci ou cela tellement il existe de cas différents, et parfois cette diversité est même essentielle. Si la bactérie devait nécessairement suivre un processus évolutif orienté vers la conscience et la capacité technique, il n’en existerait plus et nous avec. Il est difficile d’imaginer cette absence de sens à travers le prisme de l’idéalisation de la société humaine, car bien entendu l’espèce humaine à certes des besoins simples, mais aussi des désirs complexes. Les analogies entre espèces ont des pertinences et des limites.

Pourtant nous vivons dans une société où nous condamnons le principe essentiel qui a aboutit à sa progression, le darwinisme social, la loi du plus fort, qui conduit au capitalisme, à la compétition, qui peut-être une des voies évolutionnistes possibles puisqu’on ne peut nier qu’elle fonctionne. La quête contemporaine d’une société dotée d’empathie est peut-être une nouvelle branche dans cet arbre des possibles, car cela apporte un sens plus profond et complet, ce n’est plus le chacun pour soi qui engendre un groupe qui a tout pouvoir sur les autres, mais une entraide au service de soi, plus riche et moins axée sur une névrose de perfection absolue. On a bien souvent observé des comportements dans la nature sauvage défiants les lois les plus brutales et amorales, alors on n’a pas de honte à être inspirés.

Les conséquences

« On résiste à l’invasion des armées, on ne résiste pas à l’invasion des idées. »
– Victor Hugo.

L’activité humaine engendre une accélération des processus naturels, dans l’assimilation des ressources et des modifications sur l’environnement, ainsi que de multiples ingérences par rapport aux diverses espèces. Tout ceci favorise une accélération, des changements rapides, mais assez complexes, pour qu’instinctivement nous ayons le temps d’avoir des inquiétudes, parfois fondées, sur les conséquences qui peuvent se produire. Les problèmes ne résident pas dans les interactions, mais dans la nature de leurs relations, dès qu’une prolifération n’est pas souhaitable pour la diversité. Le problème dans notre ingérence, c’est qu’alors qu’il n’était pas de notre ressort d’agir sur notre biotope, c’est nos actions qui font que maintenant que nous le voulions ou non nous avons le devoir de nous poser des questions sur ce qui est à peu près intact et ce qui est trop impacté. Certaines espèces se retrouvent en des lieux desquels elles ne seraient jamais arrivées sans nous, et cela pose problème d’autant plus que la faune locale est souvent déjà fragilisée par des décennies d’agressions diverses.

Utilitarisme positif

« Ils ne voient pas la rose, mais ils scrutent attentivement les épines de la tige. »
– Lucien de Samosate.

À l’heure où les pays développés consomment le double de leurs besoins et où le nombre d’adresses ip est au double de leurs populations, alors qu’ailleurs la nature impose ses lois les plus brutales aux plus démunis, les paradoxes les plus dangereux pour nous et pour le vivant devront être dépassés, car malgré ou à cause de notre culture, de notre science et de notre spiritualité, les conséquences ne peuvent plus être irréfléchies, les dragons et serpents ne sont définitivement plus en « terra incognita ».

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  1. Quelle réflexion!
    A propos du darwinisme social et notamment la loi du plus fort, tout dépend ce qu’on appelle « force ». On ne doit pas négliger l’aspect de résilience qui en tout cas dans la nature à prouvé que certaines espèces en apparence plus faibles ont survécu à de nombreuses situations difficiles. Encore faut-il laisser la nature jouer son rôle, ce que l’on empêche de plus en plus avec notre envie de contrôle.
    Ensuite, on peut parler aussi de symbiose par rapport à l’empathie, chacun y trouvant son compte.
    Enfin, on évoque bien peu la démographie, pourtant la clef essentielle de notre avenir. Certaines sociétés ont réussi à contrôler les naissances quand la nature devenait trop faible pour réguler les populations. Nous sommes en fait pratiquement sortis, pour les sociétés dites modernes, du cycle naturel tout en impactant malgré tout cette même nature.
    Sans rééquilibrage par dame nature ou par conflit global, il y a fort à parier qu’on ait atteint un point de non retour hélas. Serons-nous les prochains dinosaures?
    Bonne fin de semaine malgré tout et au plaisir de te lire!
    Ps: as-tu vu le film d’animation Minuscule, pas mal du tout! 😉

  2. Les notions sont doubles, le darwinisme social c’est le darwinisme de base pris en otage par une idéologie sociale. Kropotkine adhérait au Darwinisme, qui à la base est pas mal du tout, puisque fondé sur l’observation et de bonnes déductions.
    Mais la résilience naturelle semble être un bon équilibre.
    Dans notre société on a tendance dans la recherche du rendement et de l’optimisation à manipuler artificiellement ce concept d’une manière opportune. Ça me fait penser au film « Le Stratège » de Bennett Miller, un coach de base-ball qui dans le milieu impitoyable du sport sélectionne des joueurs qui sur le papier sont tous des perdants, mais qui en fait ont des atouts insoupçonnés et ensemble peuvent former un tout surprenant, c’est un bon exemple de juste manipulation de résilience avec des morceaux de valeurs humaines à l’intérieur.
    La démographie est plus que souvent explosive, c’est paradoxalement le signe d’une espèce jeune en évolution qui ne manque pas de ressources et dans ce sens on ne devrait pas penser que quelque chose peut nous tomber sur la tête. Mais comme cela est de moins en moins naturel, c’est peut-être là une aliénation de l’humanité.
    Il y a des astéroïdes qui nous frôlent dernièrement c’est vrai qu’on peut subir le sort des dinos sans y être pour quelque chose…
    On finira dans des musées, où des cambrioleurs faucheront ce fémur qui nous a tant fait souffrir, pour le revendre sur le marché noir, et bis repetita ! A moins que l’évolution suivante soit plus sage, ou inexistante, ou plus cruelle, ou alors on va évoluer vitesse grand V et on vivra dans un paradis total, difficile à savoir !
    Ah je ne connaissais pas Minuscule merci, ça a l’air sympa ! Je lis en ce moment les fourmis de Werber(instructif aussi dans les analogies de la vieille fourmilière aliénée paranoïaque et de la fourmilière rebelle exterminatrice).
    Bon week-end et merci pour le commentaire bien pensé, à bientôt !

  3. Haha!
    Je vois que tu es en plein dans les « Fourmis » de Werber!!
    On ‘en décolle plus une fois qu’on y est rentré!!
    Je le relirai un jour avec grand plaisir!

    Pour en revenir à ta magnifique dissertation bien construite et si pertinente, je rajouterai que suis intimement convaincue que TOUT est codé dans la nature. Beaucoup de formules mathématiques vont dans ce sens comme la suite de Fibonacci, le nombre d’or Phi, que l’on retrouve systématiquement en divisant l’un des nombres de cette suite par celui qui précède, Pi lui-même, etc… Sans compter la géométrie et ses formes de bases, les fractales qui se retrouvent dans systématiquement dans toute la nature.
    Bref, tout est encodé – de manière plus ou moins lisible pour nous avec une intelligence que notre petit cerveau ne peut absolument pas imaginer et que nous commençons tout juste à percevoir – jusqu’à nos émotions et réactions même s’il nous reste une marge pour avoir l’illusion du choix au niveau individuel ou même sociétal, ce qui a peu d’incidence sur le développement global de l’Univers.
    Je te recommande également et vivement les livres d’Igor et Grishka Bogdanov qui parlent de ce sujet avec excellence et dont j’ai découvert les écrits grâce à leur dernier livre: « La Fin du Hasard ».
    Mais avant il faut lire:
    Au Commencement du temps, le Visage de Dieu et la Pensée de Dieu.
    C’est facile à lire et absolument passionnant! Ces 3-là sont en format « J’ai lu ». Je ne t’en dis pas plus mais tel que je commence à te connaître, tu vas adorer!

    Tout cela pour dire qu’à mon avis si « quelqu’un » a tout encodé pour créer cet Univers comme un programmateur crée un programme informatique, il peut également intervenir en deletant tout ou partie de sa création, ce qui rend plus compréhensible l’intervention d’un astéroïde pour détruire une évolution de vie arrivée à terme comme les dinosaures sans pour autant anéantir la planète….
    A nous de faire gaffe à ce qui nous pend au nez! LOL!

    Bises l’ami et merci pour cette belle et intéressante pensée!

  4. Et oui, les fourmis je croyais avoir affaire à un roman et me voila embarqué dans trois tomes lol. Du coup je les regardent d’un autre œil ces fourmis!
    Construit et pertinent ça c’est du compliment, pour une bavouille aussi épaisse qu’une grosse bouillie au départ.
    Mais je vois qu’elle fait son effet !

    Pi, ça me rappelle un épisode de Person of interest : http://www.vidqt.com/id/fXTRcsxG7IQ?lang=en .

    Ah on m’avait offert « Voyage vers l’instant zéro », des jumeaux, mais j’ai pas lu leur dernier livre. 😀
    C’est vrai qu’on s’aperçoit qu’il peut y avoir un code comme tu le dis bien, extrêmement complexe, on a toujours cherché à imiter le « code source » pour tenter d’en comprendre les grandes lignes, souvent avec les moyens de l’époque, astrologie, pratiques divinatoires, etc.

    Aujourd’hui la physique quantique remonte cette source.
    La conscience est peut-être une infime part du pouvoir de programmation.

    Bises à bientôt !

  5. J’espère bien que la conscience fait partie de ce code, si tendre vers une amélioration de notre espèce – dans tous les sens du terme – n’a aucune incidence sur l’histoire et l’évolution de notre Univers, alors à quoi bon faire des efforts??!!!
    Heu… pour les Fourmis, je t’avais prévenu qu’il y avait 3 tomes! LOL! Mais tu verras que tu seras triste de fermer la page du dernier!!!
    Bizzzz… je passe rapidement sur ton dernier article! 🙂

  6. J’ai dû oublié entre-temps, le temps que je réagisse moi, mais mieux vaut trois que un tu l’as déjà, lol !

    En mode humour noir:
    « Le genre humain, qui devrait avoir six mille ans de sagesse, retombe en enfance à chaque nouvelle génération. » Tristan Bernard

    En mode lucide:
    « Les hommes sont si pervers que le seul espoir et même le seul désir de les corriger, de les voir raisonnables et honnêtes, est une absurdité, une idée romanesque, qui ne se pardonne qu’à la simplicité de la première jeunesse. » Sébastien Roch Nicolas

    En plus sage:
    « Contente-toi de savoir que tout est mystère :
    la création du monde et la tienne,
    la destinée du monde et la tienne.
    Souris à ces mystères comme à un danger que tu mépriserais. »
    Omar Khayyâm

    Sinon je dirais que le pire c’est faire des efforts pour qu’en fait les besoins les plus simples et complexes soient satisfaits dans la paix, la joie et la bonne humeur, dire qu’on en est que là, ça prouve qu’on se donne plus d’importance que l’on en mérite, mais nous sommes très ambigus et paradoxaux, prometteurs et décevants.
    En même temps si c’était le paradis, on se ferait chier grave.
    Donc tout ça je pense que ce sont des réponses à des principes qui sont gravés en nous, avec notre libre arbitre on a la possibilité de faire évoluer ça, même si ça prend du temps, même si c’est pas facile, on ne le fait pas tous en même temps ni au même rythme, c’est globalement les sociétés qui imposent un mouvement général, il y a des avancées, des précurseurs, des arrivistes.
    Quelle folie quand on y pense!

  7. Salut !

    Mon petit grain de sel (en retard) : en te lisant, je me suis dit que bien que nous commencions (en tant qu’espèce) à être futé ; il nous faut bien moins de temps pour faire des dégâts autour de nous que pour le comprendre, et en comprendre les conséquences.
    Ce qui est tout de même inquiétant, quand on se dit que nous n’avons aucune idée de où nous allons…

    À ce propos : je te recommande la trilogie « les mondes multiples » de Stephen Baxter. C’est de la SF « concevable » qui pose plein de questions intéressantes.

    Vous parliez des jumeaux plus haut : je suis plus que réservé sur ces deux loustics, et sur la validité de ce qu’ils racontent, du moins en tant que scientifiques. En tant qu’écrivains, c’est une autre affaire… Mais je pense que Werber est plus intéressant, si vous voulez des histoires 😉

    À plus !

  8. Salut Al,

    Oui il faut moins de temps pour démonter un objet que pour le réparer, plus de facilité pour mal agir que bien, c’est l’apprentissage.
    Faire l’expérience du temps, pour pouvoir anticiper ses conséquences, c’est presque incontournable, toujours d’actualité et notamment en science.

    Ah ça me semble intéressant ça les univers multiples. Ça serait marrant de connaitre les connaissances et les questionnements d’une civilisation qui aurait prospéré depuis des milliards d’années, qui chercherait en fait à quitter cet univers là pour en découvrir un autre et ainsi échapper à la fin du monde, ou qui cherchent à recycler l’énergie sombre, sorte de déchet menaçant l’intégrité de l’univers.
    (j’ai lu la faune de l’espace de A. E. van Vogt et c’était pas mal, science et concepts sociaux, avec le nexialiste qui maitrise toutes les sciences…)

    Ben les jumeaux, je crois qu’on a tord d’accorder une vérité absolue à la science surtout lorsque celle-ci est théorique, les découvertes et les expériences valident ou infirment bien des grands noms de scientifiques et parfois longtemps après la mort de ceux-ci. Je dis pas que les Bogdas ont raison sur tout, de toute façon ça dépasse largement mes connaissances, mais par rapport à leurs confrères, je n’ai pas l’impression qu’ils fassent si pire que ça.

    A+

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