La retouche numérique

Pourquoi retoucher une photo ?

Tout dépend du cadre dans lequel on destine sa pratique photographique.
Les premières intentions souvent sont le recadrage de l’image, voire le redimensionnement, pour réaliser un album de vacances ou un livret de souvenirs.
En photo « nature », je reste dans un esprit au proche de la vision inspirée de ce que je vois, et c’est plutôt la quête d’une image sans artifice, authentique.
La retouche est alors un moyen d’améliorer la qualité de l’image avec un usage limité de filtres basiques, tels que le vignettage, la clarté, etc.
Dans ma démarche, cela n’aurait aucun sens de modifier en profondeur l’image, comme ajouter des éléments ou en masquer un grand nombre.
En revanche dans un cadre plus créatif, on peut avoir la nécessité de produire des photomontages, la retouche est ici plus avancée.
Réaliser une composition à partir de plusieurs photographies est un processus de création qui peut mettre l’accent sur une ambiance plus onirique ou personnelle.
Faire du noir et blanc est aussi une retouche si l’on part d’une image en couleurs.

C’est bien ou c’est mal ?

C’est une question légitime à cause de toutes les dérives qui peuvent exister.
Mais je pense que ce débat est l’émergence d’interrogations plus profondes avec des particularités contemporaines sur notre société.
En même temps qu’il véhicule de nombreuses idées reçues, et que l’accessibilité de la technologie engendre aussi une illusion de savoir.

Les bases des techniques de retouche ont été posées par ceux qui manipulaient les images dans les laboratoires de photographie argentique il y a 60 ans même si cela a débuté il y a déjà plus d’un siècle, ce n’est donc pas réellement quelque chose de nouveau.
C’est surtout la démocratisation de cette capacité à manipuler l’image par une forme de pensée différente qu’induit l’informatique qui alimente les critiques.
Au concept de la manipulation s’ajoute celui de la dématérialisation. L’angoisse d’une identité humaine dématérialisée dans une société qui a toujours sembler déshumanisée, engendre une crainte justifiée pour ce qui pourrait être notre monde de demain. Ce pouvoir très performant est le produit d’une société rationnelle qui s’interroge sur les impacts de sa propre efficacité.

Pour ce qui est de la retouche conclure que cela est mal serait purement subjectif et dire que cela est bien serait nier ses dérives.
C’est une possibilité, que l’on est libre d’explorer.
Que le photographe fasse le choix de l’argentique et du noir et blanc ou qu’il réalise des photomontages en couleur, la palette de l’expression artistique n’en est que plus enrichie.

Et ça fait mal ?

Très…
C’est assez chronophage et cela demande une remise en question permanente en plus de compétences informatiques.
Il existe heureusement malgré tout une documentation assez vaste pour tutorer ces techniques et progresser.

Est-ce toujours possible ?

Oui, mais la qualité de la retouche peut-être limitée par le matériel.
On peut classer le matériel en deux catégories suivant la récurrence de la pratique, l’occasionnel et l’avancé.
La plupart des smartphones et des compacts, sauf exception, fournissent des images au format JPG uniquement, la retouche est alors limitée par le nombre d’informations que comprend le fichier.
Il faut savoir qu’un fichier JPG est une image préretouchée par des modèles qui ne correspondent pas toujours au contexte dans lequel la photo a été prise.
Même s’il y a du progrès et qu’en général cela est largement suffisant.
Les appareils reflex, hybrides et compacts experts ont la possibilité de fournir un fichier RAW, qui comportent les données brutes de l’image, sans perte de compression d’un JPG.
C’est un atout si le but de l’image est d’être éventuellement retouchée.

Il me faut absolument Photoshop alors ?

Non, bien que Photoshop soit un outil de manipulation d’image, il n’est pas plus indispensable qu’il ne se borne qu’à la photographie.
Si l’on prend des photos au format RAW il est possible d’installer un logiciel dérawtiseur, parfois la marque de votre appareil photo permet d’en télécharger un gratuitement.
Lightroom est assez connu puisqu’issu d’adobe, mais il en existe d’autres, gratuits et payants, comme Capture One, DxO PhotoLab, Darktable et Rawtherapee.

JPG, RAW et RAW retouché

J’ai pris une photo en mode RAW et JPG, dans une situation banale sans difficulté particulière. Iso 100, f/5.6, 1/320s, 100mm et mesure de la lumière en pondération centrale, ce qui assombrit les bords mais permet une exposition correcte des fleurs sans blancs brûlés.

JPG

jpg

Ci-dessus l’image JPG fournie par l’appareil photo, sans retouche. C’est la photo que n’importe qui peut produire avec un appareil photo.

RAW Basique

Là c’est l’image RAW, ouverte dans un logiciel dérawtiseur, sans aucune modification, on remarque qu’elle est légèrement plus sombre que le JPG.

RAW avec balance des blancs, niveaux et exposition retouchées

Raw + retouches

Ici j’applique les corrections basiques afin de me rapprocher de la luminosité telle qu’elle peut être perçue par l’œil.

RAW retouché et application de filtres

Raw retouché + filtres

Une fois l’exposition globale équilibrée, ainsi que les zones sombres et claires, vient l’étape suivante, avec un vignettage léger et un filtre à effet mat discret. La touche finale est un renforcement de la netteté.

La différence entre le JPG et le RAW retouché est assez subtile, plus une image entre dans les « standards » de ce que peuvent anticiper les calculs et moins il y a de retouche à effectuer, parfois même l’image est suffisamment correcte pour ne pas avoir à s’encombrer d’un traitement inutile.

Mais ce n’est pas toujours le cas.

Un exemple plus contrasté

Ici le soleil commence à approcher l’horizon, l’appareil mesure l’exposition afin de ne rien perdre des détails présents, l’inconvénient est que cela rend l’image plutôt fade.

Une fois l’image retouchée, elle retrouve de la luminosité et de la couleur.
Elle correspond mieux à la scène telle que je la perçois, sans pour autant la dénaturer.

Aperçu d’un logiciel de traitement de photos

J’utilise régulièrement le logiciel Capture One Express qui est une édition spéciale gracieusement offerte pour les détenteurs d’appareils Sony.
Comparé à une édition normale il manque quelques outils qui ne sont toutefois absolument pas nécessaires pour un usage autre que professionnel.
Dans la colonne de droite se trouve l’histogramme avec les paramètres à affiner, tels que l’exposition, le contraste, la luminosité, la saturation. La correction des hautes lumières et des ombres. L’aperçu des niveaux et de la courbe tonale.
On peut voir la photo originale à droite et l’image en cours de correction à gauche.
La grille noire est une représentation de la règle des tiers et elle permet aussi d’avoir un repère au cas où l’image serait penchée.

La retouche est un prolongement possible de la photographie numérique, c’est un petit peu comme le maquillage, discret et naturel il peut cacher des défauts et rendre de la couleur, excessif et sans goût il peut devenir vulgaire.

Pour approfondir le thème de la pensée informatique dans notre quotidien, je vous conseille le livre de l’informaticien Gérard Berry de la maison d’édition du CNRS.
Anne-Laure Jacquart, dans son excellent livre « Composez, réglez, déclenchez » présente une liste des 10 idées reçues sur la retouche.

Si vous avez des questions sur ce sujet, n’hésitez pas à m’écrire, ou à laisser un commentaire.

Vous avez aimé cet article ? N'hésitez pas à le partager :

Laisser une empreinte empreinte

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *