La définition de l’académie française de 1694 nous donne quelques pistes très intéressantes:
Beauté. s. f. La juste proportion des parties du corps avec l’agreable meslange des couleurs. Il se dit proprement des personnes, & particulierement du visage. Rare beauté. beauté parfaite, accomplie. beauté commune. beauté naturelle. beauté artificielle. grande beauté. beauté Grecque. beauté Romaine. beauté fade, journaliere, passée, fanée, effacée. beauté animée. beauté bien conservée. beauté negligée. entretenir sa beauté. conserver, negliger sa beauté.
Une étude a justement été réalisée sur le canon de beauté du visage humain et les résultats ont été particulièrement parlants, en effet le visage le plus beau est une composition neutre, comme si l’on superposait une multitudes de visages et que par transparence un visage parfait s’esquissait.
Autrement dit s’il existe un moule de base c’est cela que nous considérons comme être le plus beau, un modèle produit en série!
En effet Barbie et Ken ne sont pas apparus de nulle part, le monde des « Clones » avec Bruce Willis n’est pas si loin non plus.
Oui mais voila dans les faits cela est légèrement différent, si cela est juste c’est uniquement de manière relatif à ce qui n’est pas harmonieux, les plus beaux visages sont ceux qui tout en restant harmonieux dégagent une spécificité unique qui parfois devient le pivot d’une nouvelle mode. La mode est ainsi, un mouvement qui glorifie une spécificité pour en faire une banale généralité, juste le temps d’une floraison, avant que celle-ci ne devienne une flane qui aura crut être immortelle et n’est qu’une prédécessrice parmis d’autres d’une boulimie perpétuellement en quête de nouveauté.
On aperçoit dès à présent les limites et déchirures, autant de signes d’un concept beaucoup plus fragile qu’absolu.
Dans une définition plus récente la beauté est ce qui plait aux sens, malheureusement il devrait être difficile de prédire une couleur réellement plaisante à un organe dénoué de raison… mais la définition ne s’arrête pas à cet écueil et fait mention d’une réaction plus « cérébrale », une légère vague de plaisir serait un meilleur suspect.
Le plaisir est ce qui plait, et voilà tout le problème, ce qui me plait ne vous plait pas forcément et vice-versa. Le plaisir fait appel à notre individualité et sa toute puissante subjectivité.
Rien d’anormal dans ce phénomène, à chaque situation et individu sa configuration qui proviennent toutefois malgré leur complexité apparente de mécanismes purement conditionnés. Une configuration instable et changeante qui a fait le jeu de l’histoire de l’art.
Prenons le classicisme et son goût pour la reproduction fidèle, le romantisme qui lui succède et prêche contre la raison rigide du néo-classicisme les sentiments. A bas la représentation objective de la réalité de la période classique et romantique pour l’impressionnisme et le symbolisme. Mort au délire et vive le fonctionnel et le beau avec l’art Nouveau. Retour du figuratif pour l’art naïf. Reconquête de l’abstraction avec l’Expressionnisme Abstrait. Puis le Nouveau Réalisme réhabilite la réalité dans la représentation.
Ce que l’on peut en déduire c’est que l’histoire de l’art est une succession d’états d’âmes, esprit bourgeois et rationaliste contre esprit rêveur et populiste, instinct rationnel et pragmatique, etc.
Nul doute que la notion du beau est chahutée, maltraitée et certains artistes sont même aller jusqu’à présenter un urinoir comme œuvre d’art pour le prouver.
Même que la banalisation du laid par l’usure et l’habitude rend beau, comme avec les colonnes de Buren.
Nous voila bien avancés!
Mais c’est quoi le beau alors?
Le beau est ce que l’on a décider que cela soit beau, ça peut-être un jugement commun ou solitaire, sa vérité ne repose que sur son affirmation, le temps que celle-ci perdure.
« La beauté des choses existe dans l’esprit de celui qui les contemple. » David Hume
La beauté finalement, c’est un peu nous:
« La beauté on sait que ça meurt, et comme ça on sait que ça existe. » L-F Céline.
Et celui qui pourra affirmer après concertation et réflexion une chose belle, sans qu’elle ne lui plaise, est certainement une personne qui n’imposera pas ses goûts aux autres, et c’est peut-être ça, l’essentiel optimisme de cette problématique: concéder sans céder.