Petits fruits sauvages

Il plane en cette période comme une espèce de fin d’année, la fin des vacances et la rentrée représentent un cap dans ce cycle naturel qui se ressent d’autant plus que les températures sont plus fraiches. Rien d’étonnant alors à ce que fructidor soit le douzième et dernier mois de l’année du calendrier républicain, un mois dont le nom indique les fruits qui mûrissent, avant les vendanges représentées par le mois de vendémiaire. La nature sauvage semble ainsi terminer un chapitre, nombre de végétaux maintenant secs ont déjà ensemencé la terre et la nature emploie toute son énergie à développer ses meilleurs fruits, ces quelques joyaux issus de l’énergie de notre étoile solaire.

Au fil de Loire

La molène faux Pholmis se caractérise par une absence de feuilles sur sa tige, mais on peut l’appeler bouillon blanc comme les autres molènes, dont les fleurs ont une odeur de miel. Le suc et les graines s’utilisaient jadis par certains pêcheurs, car la toxicité était suffisante pour étourdir les petits poissons.

C’est en réalité un faux fruit, mais lui aussi à envahi le paysage, le cynorrhodon, dont l’étymologie signifie rose de chien (car il serait capable de soigner la rage), possède des poils irritants qu’il faut éviter pour toute utilisation alimentaire.

La solanacée et les mûres

Si le qualificatif de velue est évident quant à la pilosité des feuilles, le nom vernaculaire de cette plante est plus difficile à interpréter, en effet morelle provient de maure, ce qui met l’accent sur la noirceur, or une seule espèce de morelle engendre des fruits noirs. La morelle velue et les autres doivent donc peut-être leur nom à la toxicité de leurs baies.

Comme par analogie le cynorrhodon peut-être le fruit de l’églantier ou du rosier, la mûre peut désigner le fruit du murier ou du roncier, mais dans la nature sauvage, les églantiers et les ronces sont plus communs. Les mûres sont des agrégations de carpelles modifiées et transformées en petites drupes, c’est encore botaniquement parlant un faux fruit.

Fruits de l’épine noire et du sureau noir

Bien que mûre en septembre, il faut attendre les premières gelées avant de choisir de gouter une prunelle sauvage ou de préparer une liqueur (prunelline), car sinon le goût est âpre.

Son bois tendre et creux était utilisé pour confectionner des flûtes (sambuca) par les bergers grecs, d’où le nom de sureau. Si les baies cuites sont comestibles, les baies crues et toutes les autres parties de cette plante sont toxiques.

Libellule de jour et sphinx de nuit

Sympetrum signifie avec, pierre, les sympetres se posant souvent sur des rochers. Mais comme beaucoup d’autres, ce sympetre (peut-être un sympetre jaune ?) se rencontre aussi souvent posé sur une tige végétale.

Dans le jardin, ce grand sphinx du liseron s’apprête à s’envoler dès le soleil couchant pour exercer ses grands yeux noirs à sa vie nocturne. Sa trompe ici repliée peut dépasser dix centimètres de long. Le nom de sphinx serait dû à une position que peuvent prendre les chenilles, imitant ainsi le sphinx égyptien.

Visages de pays

Plantons le décor, trèfles secs, herbes jaunes, arbres verts, ciel lourd, collines verts, des conditions familières pour Van Gogh ?

Comme pour bien des bâtisses en abandon à la campagne, bien loin en marge de celles qui se retapent, la nature reprend ses droits et il n’en restera bientôt qu’un tas de pierres. Progrès pour certains, exode rural pour les autres, mais pour la sagesse autochtone c’est l’apparition de « memento mori » aussi vrais que nature.

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  1. BRAVO!
    Oui, des photos fort bien présentées comme d’habitude mais pas seulement…
    Elles sont bien belles, avec une recherche soignée de la compo et de la lumière!
    J’aurais aimé voir les ailes du sphinx, mais cela n’a pu du être possible, j’imagine!
    Le Sympêtre n’est pas le flaveolum qui a la base des ailes safranée mais pourrait être soit le S. méridionale soit le S. vulgatum, selon le site où la photo a été prise.
    Félicitations renouvelées, bizzz et bonne continuation!

  2. En fait le sphinx était caché sous des poireaux et je l’ai vu à l’arrosage, je l’ai délicatement mis sur une brindille de bois pour l’observer, je l’ai installé sur ces fleurs et ensuite je l’ai remis à sa place, mais je ne suis pas fier et à l’aise pour manipuler un insecte qui n’est pas dans sa situation la plus active et naturelle, là il cherchait à se cacher.
    Du coup j’ai tourné le problème dans tous les sens sans trouver de solution satisfaisante, clair !
    Je me suis contenter d’une vue où l’on voit ses yeux imposants et où l’on aperçoit ses couleurs.
    Cela aurait été plus beau en vol mais je ne l’ai jamais vu dans ce cas.

    Je dirais vulgatum oui du coup.

    Bizzz et merci a+

  3. Bonjour,
    A l’occasion du « concours des 3 oufs » (http://concours3blogs.canalblog.com/), je découvre ton site avec ses magnifiques photos à la composition travaillée autant que les lumières pour la plupart, le tout accompagné de texte bien écris. Un vrai palisir !
    Je note ton site dans mes favoris (et dans mes pages de liens) pour venir te rendre visite régulièrement.
    Cordialement

  4. De retour ici pour regarder les nouveautés, pas de nouvelles alors je poste ici.

    J’aime beaucoup cette série, très soignée, très propre et très bien mise en valeur par la présentation de ton site qui est agréable et clair.

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