Nature, culture et société

Notre société est parfois absurde et dénouée de bon sens, nous sommes tous admiratifs et émotifs devant cette émission « voyage en terre inconnue« , dans laquelle nous découvrons à grands frais les qualités humaines d’une bande de nomades jusqu’alors méconnus alors que nous sommes soit insensibles ou soit méprisants envers nos propres nomades souvent inconnus. Car peu de personnes porteraient ce même regard sur les Tziganes, peuple nomade d’Europe, et pourtant il n’est pas nécessaire d’aller bien loin.

C’est un petit peu aussi l’aspect cocasse de notre condition d’amateurs naturalistes photographes, car c’est avec une technologie de grande précision que nous observons les sujets les plus banals et anodins. Et dans un sens n’est-il pas ridicule de ramper dans les ronces pour photographier des chardons quand au bout du monde, par exemple dans l’Himalaya, la nécessité fait que tout élément naturel est un don précieux. Il serait épineux de juger, mais c’est malgré tout un constat bien réel.

Prenons les natifs d’Amérique du nord et les Canadiens, ils se méprisent, les Tibétains, Ouïgours et les Chinois, les Hadzas et les Tanzaniens, les Aborigènes et les Australiens, les Japonais et les Aïnous, les Aymara et les Boliviens, et on en oublie… Sur tout les continents c’est un constat universel, un peuple plus proche de ses racines nomades est toujours en conflit avec une civilisation sédentaire dès lors que celle-ci partage avec ce peuple une frontière. Ici le rapport entre nature et société est un choc, où bien souvent un protagoniste se doit d’apporter et d’appliquer ses règles à l’autre sous le prétexte de son bien fondé civilisateur, malgré que cela ne soit en pratique que la concrétisation de malsaines arrières pensées de convoitises.

Comme toute pièce à deux faces, la mondialisation à l’avantage de nous tenir informés des coutumes d’autres pays, surtout lorsque le climat dans ceux-ci est propice à une exportation. On citera par exemple quelques spiritualités asiatiques, dont les caractères universels se transmettent plus ou moins facilement à des aspects jusqu’alors enfouis et occultés de notre culture. Dans un premier temps cette inspiration s’est plutôt comportée comme un pillage, mais dans une ère mondialisée elle devient un sain révélateur de qualités cachées.

La nature à l’heure actuelle est une source d’obsédantes angoisses, à juste titre puisque bon nombre de peuplades sont directement menacées par le changement climatique. Au delà d’un jugement qui serait culturel cela démontre que dans toute notre histoire la nature à façonnée nos conditionnements sociaux. Or c’est pourquoi de nombreuses philosophies ont prêcher la connaissance de soi même, qui est une investigation du naturel en nous, êtres culturels, et c’est ainsi que nous pouvons transcender ou transgresser les principes culturels qui font obstacles à notre développement.

Pas de grands desseins pour nous, photographes de la nature, mais plutôt un choix d’œuvrer nos compétences, dans une harmonie autant naturelle que possible, chacun selon son chemin sans pour autant connaitre une destination ultime mais avec tout de même la ténacité de démontrer qu’en tout il existe un esprit, source d’émerveillement.

A lire, pour un approfondissement plus sérieux:

nature,culture-et-société

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  1. … »en tout il existe un esprit, source d’émerveillement » .
    Très juste! L’ensemble de l’humanité n’a pas encore pris la vérité que ces mots contiennent! Je dirai même plus « en tout il exixte un esprit universel, source d’émerveillement et de la création de toute chose! Chacun de nous en fait partie! Dommage que les religions séparent les hommes! Il faudrait déjà règler ce problème!
    Bonne soirée, Zipanu!

  2. La religion est un terreau redoutable pour faire pousser les violences les plus fanatiques.

    J’ai oublié de faire une citation de Lévi-Strauss: « Le barbare, c’est d’abord l’homme qui croit à la barbarie. »

    Oui un bug du template, qui sera corrigé sans trop de difficulté j’espère, gloups. lol

    Bonne soirée!

  3. Ton article induit des pistes de réflexion très instructives.
    Les médias nous offrent la possibilité de découvrir d’autres populations (nomades, marginaux, …) et nous permettent de ce fait de changer notre regard sur les êtres qui vivent à proximité, hommes et femmes qui ne sont “pas comme nous”. Mais pour changer de paires de lunettes, il faut une certaine volonté et du discernement. L’analogie que tu fais avec la photographie naturaliste me suggère l’idée que se placer au niveau du macro, d’abord par l’objectif, enfin par le regard, nous oblige à découvrir la nature de l’objet photographié (sa couleur, ses particularités invisibles à l’oeil nu).
    Je suppose, comme tu le signales, que l’ouvrage de Lévi-Strauss propose encore d’autres voies de réflexion.

  4. Non seulement on cultive notre vision de proximité mais en plus on est obligé d’avoir un regard global avant d’arriver à l’objet à macrophotographier, en analysant la nature de l’environnement, humidité, végétation, lumière, etc.
    Et c’est ironique finalement car on développe une vision plus élargie de ce qui nous entoure.
    Le livre de Lévi-Strauss est excessivement trop docte, et certains passages et idées sont obsolètes, mais dans le fond le bon sens est toujours de rigueur et les pistes intéressantes.

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